Des culottes menstruelles faute de toilettes ? L'initiative qui indigne les conductrices de train

Publié le Lundi 16 Mai 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
La SNCF a choisi de répondre aux conductrices de train qui demandaient des toilettes réservées aux femmes à bord pour changer leur tampon et serviette, par une initiative critiquée : le port de culottes menstruelles.
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Certain·es membres du personnel de la SNCF ont d'abord cru à une blague lorsque le mail intitulé "Culotte menstruelle, phase de test" est arrivé dans leur boîte de réception.

Mi-avril, l'Ambassade Rail Mixity Europe, extension du service SNCF Mixité en charge de l'égalité femmes-hommes, a informé les conductrices que "dans le cadre des entretiens sur le sujet de l'accès aux sanitaires", une expérimentation serait menée auprès "du personnel roulant féminin". Celle de leur fournir des culottes menstruelles plutôt que d'accéder à leur requête en installant des toilettes à bord des trains destinés au transport de marchandises, qui n'en sont pas équipés.

Un communiqué accompagné d'un appel à trois volontaires qui seraient équipées de 3 culottes en tissu bio équitable et leurs serviettes clipsables par personne, pour tester ce dispositif pendant 6 mois.

CGT et cheminot·es en colère

La polémique n'a pas tardé à prendre de l'ampleur. Et ce, bien que la protection réutilisable "cumule avantage écologique, usage sécurisant, et praticité", n'a pas omis d'insister la SNCF dans son message, soulignant que la culotte pouvait "se garder plusieurs heures".

"Ça ne passe pas !", lâche ainsi une cheminote auprès du Parisien. "On se bat depuis vingt ans pour des conditions de travail décentes, notamment l'accès à des toilettes réservées et à des temps de pause suffisants. Et la boîte nous colle ce genre de réponse : 'Mets ta culotte et tu la gardes huit heures !'" Un ressentiment que la CGT a également exprimé, qualifiant le projet de "fausse réponse à un vrai problème".

La directrice de SNCF Mixité Anne-Sophie Nomblot défend quant à elle une "solution à court terme". "On ne prétend pas tout régler avec les culottes menstruelles", insiste-t-elle. "C'est une solution palliative à court terme mais nous menons aussi un travail de fond avec la direction de la traction et les ressources humaines." Un des 4 ambassadeurs de l'entité énumère : "Nous avons lancé une cartographie des toilettes, gare par gare, et nous avons demandé un devis pour équiper les portes d'un lecteur de passe SNCF."

Un tollé qui rappelle la suggestion lunaire, il y a dix ans, de distribuer aux conductrices des pisse-debout pour qu'elles puissent se soulager dans les endroits dépourvus de sanitaires. Vraisemblablement, de nombreux progrès sont encore à faire.