Pourquoi la Suède décide d'abandonner sa "diplomatie féministe"

Publié le Mercredi 19 Octobre 2022
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
11 photos
Lancer le diaporama
Pionnière dans ce domaine, la Suède, dont le gouvernement est passé à droite, a décidé d'abandonner sa diplomatie féministe. Et les raisons en sont fort tristes.
À lire aussi

En Suède, la droite étend sa domination, suite aux élections législatives de septembre dernier, et à l'élection le 18 octobre, par le Parlement, du dirigeant conservateur suédois Ulf Kristersson en tant que Premier ministre. Une figure politique soutenue par l'extrême droite - qui avait obtenu 20,7% aux législatives. Une couleur politique qui fait office de véritable rupture après huit années de politique plutôt marquée à gauche.

A l'international, on s'inquiète donc de voir la droite la plus dure propager ses idées réactionnaires. Prémices de cette redoutée régression ? La Suède souhaite désormais dire adieu à sa "diplomatie féministe". Autrement dit, une politique officielle plus égalitaire initiée en 2014 par le gouvernement social-démocrate de l'époque, se voulant plus alerte quant aux discriminations, au sexisme et au respect des droits des femmes.

Préoccupations qui ne semblent plus être à l'ordre du jour...

La fin d'une diplomatie

C'est le nouveau ministre - conservateur - des Affaires étrangères, Tobias Billström, qui a annoncé la fin de cette politique étrangère progressiste. "L'égalité des genres est une valeur fondamentale en Suède et une valeur fondamentale pour ce gouvernement. Mais nous n'allons pas employer l'expression 'politique étrangère féministe' parce que les étiquettes ont eu une fâcheuse tendance à l'emporter sur le fond", a-t-il déclaré.

En somme, l'idée de "diplomatie féministe" cliverait trop l'opinion. Pas l'argument le plus massue pour convaincre celles et ceux qui voient là un projet primordial. D'autant plus déplorable, relate Geo, que cet intitulé et les valeurs qu'il cristallise avait déjà progressivement été mis de côté depuis le départ de l'ancienne ministre des Affaires étrangères Margot Wallström, qui avait largement porté cette ambition politique.

Wallström voyait là "une réponse à la discrimination et à la subordination systématique qui caractérise le quotidien d'innombrables filles et femmes à travers le monde". Alors que cette situation n'a guère évolué, la Suède semble entreprendre une inquiétante marche arrière.