Pourquoi un dessin animé a-t-il été censuré pour des scènes impliquant la police française ?

Publié le Mercredi 09 Mars 2022
Julie Legendart
Par Julie Legendart Journaliste
Miraculous, les aventures de Ladybug et Chat Noir
2 photos
Lancer le diaporama
"Miraculous, les aventures de Ladybug et Chat Noir" se retrouve au centre d'une médiatisation surprenante. Effectivement, des séquences du dessin animé diffusé sur TF1 auraient été censurées. La cause ? Elles impliquaient la police française et un contrôle au faciès.
À lire aussi

Un dessin animé censuré ? C'est ce curieux événement qui serait arrivé à Miraculous, les aventures de Ladybug et Chat Noir, série pour enfants diffusée le dimanche matin sur TF1. Des bouts d'un épisode de la saison 4 intitulé Qilin aurait été purement et simplement coupées. Plus précisément, l'épisode a été purgé... de quatre minutes.

La séquence qui a notamment subi la censure ? Elle est éloquente. L'héroïne de l'épisode, Marinette, prend un bus parisien aux côtés de sa mère. A un arrêt, elle part lui acheter des fleurs, conservant de fait son porte-monnaie et ses tickets de transport. La mère de Marinette, d'origine asiatique, se retrouve dès lors confrontée à un contrôleur véhément, qui, refusant d'entendre ses explications, lui impose une amende.

D'un échange à l'autre, le personnage, humilié, traité de menteuse et de voleuse, finit... menotté par quatre CRS. Une séquence qui aurait déplu à TF1.

"Un excès de prudence malheureux"

"À l'époque de l'écriture de cet épisode, nous travaillions sur les Grands Boulevards. On voyait les manifestants Gilets jaunes être encadrés par des centaines de CRS. J'ai été pris dans des affrontements en bas de chez moi, avec gaz lacrymogènes alors qu'on sortait juste pour amener le bébé au parc. On se demandait comment on pouvait en arriver à de telles extrémités", a expliqué Thomas Astruc, créateur du dessin animé, relate TV Mag.

"Notre volonté était donc de montrer comment, à partir d'un incident mineur, la situation pouvait dégénérer facilement si on appliquait la loi ou les ordres aveuglement", poursuit-il. A ce titre, la mère de Marinette demande aux policiers, lors de son arrestation et humiliation, si "ce sont des humains ou des robots". "En aucun cas, il ne s'agissait de montrer une mauvaise image d'une institution", précise cependant Thomas Astruc.

"Nous devons montrer une bonne image des institutions parce que les enfants doivent pouvoir avoir confiance en elles", a développé le créateur, qui voit avant tout en cette curieuse censure "un excès de prudence malheureux". Et plus encore, un acte "contre-productif, puisque ça revient à montrer l'existence d'un arbitraire, mais sans l'expliquer", développe-t-il. Et le scénariste de conclure : "Dommage".

TF1 n'a pas encore souhaité répondre à cette polémique.