En Allemagne, on facilite la prise en compte administrative du changement de genre

Publié le Lundi 27 Mars 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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En Allemagne, le changement de genre, crucial pour les personnes trans, est vraiment pris en considération par le gouvernement. La preuve ? La procédure administrative officilisant ce changement sera bientôt facilitée au sein du pays.
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C'est l'une des luttes majeures de notre époque : le combat pour le respect des personnes trans. Respect de leur personne, leur identité et leurs droits fondamentaux, que ne peuvent ignorer les militances féministes.

Certains pays l'ont compris. L'Espagne, par exemple. La "ley trans" adoptée au sein du pays le 16 février dernier permet aux personnes de seize ans et plus de changer librement de genre, sans nécessiter l'autorisation de quiconque, sans diagnostic médical ou psychologique préalable, ou traitement hormonal.

De quoi alléger le traitement administratif du changement de genre. Un enjeu désormais pris à bras le corps par un autre de nos voisins : l'Allemagne. Leadé par le chancelier Olaf Scholz, le gouvernement allemand a effectivement décidé de beaucoup plus faciliter à l'avenir le processus d'autodétermination.

C'est à dire ? C'est simple : les personnes transgenres, intersexuées et non binaires pourront se contenter de fournir une simple auto-déclaration si elles souhaitent changer de prénom ou de mention de genre dans le registre d'état civil. Ce qui devrait les libérer de démarches pesantes et interminables.

Pourquoi c'est important ?

"La procédure indigne dont font l'objet les personnes trans appartiendra bientôt au passé", s'est exprimé le 25 mars le député social-démocrate Jan Plobner, comme le relève franceinfo. Petite précision cependant : quand cette mesure sera effective, les personnes concernées devront tout de même attendre trois mois afin que le changement de genre dans l'état civil soit véritablement effectif.

Mais pourquoi ce genre d'initiatives est si important ?

En défendant en Espagne la "ley trans" plusieurs mois durant, aux côtés des représentants du parti Podemos (à l'origine de cette loi), la ministre de l'égalité Irene Montero voyait là une forme de reconnaissance nécessaire des droits des personnes transgenres. On pourrait dire que c'est le même enjeu social et politique qui stimule cette modification du traitement administratif du changement de genre en Allemagne.

Et il y autre chose : toute évolution de la loi est une réponse à la transphobie ordinaire, des plus banalisées sur les réseaux sociaux. Fléau qui s'étend du mégenrage (le fait de contester le genre auquel un individu s'identifie, notamment en employant le mauvais pronom de genre, ou son deadname : son prénom antérieur) aux insultes, menaces et autres formes de harcèlement et de cyberharcèlement. Face à cela, il n'est pas anodin qu'un gouvernement aide les principaux concernées à simplement... Exister.

L'an dernier, l'association SOS Homophobie tirait la sonnette d'alarme l'espace d'un rapport très détaillé spécialement dédié à la société française, et les chiffres étaient accablants : 179 cas de transphobie comptabilisés, et ce sous la forme d'insultes (27%), de harcèlement (20%) ou de discrimination (17%), de situations de rejet (79% des cas), observés à l'école, en famille, lors des consultations médicales...

Bref : partout. Et si on s'en inquiétait sérieusement ?