Vous souvenez-vous de la tendance du "quiet quitting" ? Cette "démission silencieuse" très commentée sur les réseaux sociaux consiste simplement à ne faire que le strict minimum au taf. Comme une réaction individuelle aux publications Linkedin "inspirantes", à l'esprit "start-up nation" et au surmenage à tout prix. Répondre à ses mails en dehors de ses horaires de boulot, déborder sur son planning, mélanger vie privée et vie pro ? Pour les adeptes du "quiet quitting", c'est un grand non.
Aujourd'hui, cette trend en a inspiré une autre : le mouvement du "Act Your Wage". Littéralement, agir selon son salaire. L'idée, abondamment illustrée sur la plateforme TikTok (tapez le mot-clé #actyourwage pour vous en convaincre), est d'inciter les salariés à bosser à hauteur de leur rémunération, pas plus, pas moins. De quoi faire hurler ceux qui ne jurent que par la polyvalence, la "valeur travail" et le sacrifice au taf.
Révolutionnaire ?
Pas vraiment. Mais pas moins inspirant. Initiée il y a deux ans déjà par la TikTokeuse @stephhannes, Américaine de 27 ans, cette trend est revenue en trombe à l'heure de la "grande démission" états-unienne, cette période initiée au printemps 2021 et qui se caractérise par une recrudescence remarquée de démissions, accumulées suite au traumatisme du Covid et aux confinements qui ont ponctué cette période de crise sanitaire. En tout, 47 millions d'Américains auraient ainsi quitté leur emploi en 2021. Un véritable phénomène social.
Dans sa vidéo virale, @stephhannes recommandait notamment à ses nombreux followers de "s'asseoir dans les toilettes et scroller sur son téléphone pendant 25 minutes" histoire de ne pas en faire trop au taf - mais juste assez. Des prescriptions drôlatiques qui avaient engendré une abondance de réactions sur TikTok. Et pour cause, la vingtenaire semblait exprimer un sentiment générationnel : la nécessité de fuir le burn out.
Burn out qui peut aussi bien s'exprimer en présentiel qu'en distanciel. "Faute de disposer d'un espace de travail adéquat, de nombreuses femmes subissent de plein fouet le brouillage accentué entre leur travail productif et le travail gratuit de la vie domestique", déplorait ainsi Laetitia Vitaud dans son ouvrage sur la productivité. La charge de travail exacerbe également les discriminations genrées, d'où ce type de mobilisations.
A propos du "quiet quitting", Adrien Scemama décryptait dans 20 Minutes : "Les adeptes du 'quiet quitting' sont des salariés qui refusent que leur boulot soit au centre de leurs préoccupations. Ils décident de ralentir la cadence pour préserver leur santé mentale". On pourrait envisager ce nouveau phénomène social avec les mêmes mots. Une manière de sensibiliser les employeurs aux enjeux du bien-être au taf ?