Miki est un ovni de la chanson française.
Dans son morceau "cartoon sex", issu de son premier album remarquable, Industry Plant, où s'entremêlent en un maelstrom d'émotions humour, gravité, name dropping et fausse nonchalance, elle met les mots sur une violence sexuelle subie. En écrivant : "J'ai un prof de tennis qui m'a touchée là où fallait pas".
En interview, la jeune chantese de 27 ans, nommée aux NRJ Music Awards en tant que Révélation féminine, avait déjà évoqué son rapport très compliqué à la sexualité, lequel a été chamboulé par des violences sexuelles, et une constante hyper sexualisation de son corps : "J'ai croisé dans ma vie des hommes qui m'ont dit des choses, qui m'ont touchée d'une certaine manière, regardée comme un objet sexuel, alors que je n'étais qu'une enfant..."
Et Miki dévoile aujourd'hui en interview la réaction de son père suite à cette révélation accablante.
Il faut l'écouter.
Miki aborde tout cela aux côtés de Medhi Maizi dans l'émission A la régulière sur les ondes de France Inter.
Elle revient sur son premier album, ses obsessions, ses engagements, sa musique.
Et surtout, étaye la manière dont son père a accueilli sa chanson, "cartoon sex". Où elle évoque ce "prof de tennis" qui l'a "touchée là où fallait pas". Elle témoigne : "Je ne sais pas si j'aurais pu dire ces choses-là, si ça n'avait pas été dans une chanson"
Détaillant encore : "Je pense que là, j'ai voulu mettre un petit peu plus de rideau sur ce que je ressentais, parce que j'étais vraiment heurtée par la réaction de ma famille par rapport à ce que j'avais dit. Ils s'y attendaient pas du tout et je ne leur avais pas réellement expliqué. Il y a toujours une partie de moi qui disait « Ah bah, ils ont dû l'écouter avant et comprendre et ça ne sera pas un sujet ».
"En fait ça a résolu beaucoup de trucs. Je ne sais pas si j'aurais pu dire toutes ces choses-là si ça n'avait pas été dans une chanson, mais dans l'autre, c'était vraiment la lettre que j'ai toujours voulue écrire à mon père, mais que j'ai jamais eu le courage de faire... Et lui, le fait que ce soit public, il était obligé de m'écouter. Mais il a ressenti une grande honte, et j'ai eu honte de sa honte. Depuis on a parlé et maintenant notre relation est beaucoup plus forte grâce à ce son."
Miki dit les choses dans son art.
Elle transfigure ses traumas. Avec un style qui n'appartient qu'à elle : tantôt insolent, tantôt ironique, toujours d'une déconcertante sincérité, sans le moindre filtre, si ce n'est celui d'un certain décalage musical. Ce qu'elle relate sur les réactions de son père démontre la difficulté qu'ont encore les victimes à dévoiler leur expérience des violences. Lesquelles, et c'est une réalité sur laquelle la chanteuse insiste, existent, dans la vie des femmes, très tôt.
A Paris Match, Miki était également revenue sur la teneur d'une autre chanson, Roger Rabbit.
Chanson-choc où il était question... Des violences sexuelles. Subies dès le plus jeune âge. Miki raconte : "Il y a plein de Roger Rabbit dans le monde dans lequel on vit, 'sois gentil avec le monsieur, répond à ses lettres d'amour, il te veut du bien'. On les croise à l'école, dans les bars, dans les églises... ”