Miki est un ovni de la chanson française.
Dans son premier album, Industry Plant, à découvrir ce 3 octobre, elle se raconte, et met en sons les sujets les plus sensibles (violences sexuelles, conjugales, slut shaming) avec une écriture décalée, déconcertante, hyper incarnée, qui n’appartient qu’à elle : mélancolie, humour, références hyper générationnelles et crudité s’y entremêlent dans un ensemble étrangement cohérent. Le tout dans un univers sonore qui mélange électro, pop, rap, hyperpop, un hybride stimulant et obsédant.
Et sa singularité, elle la défend jusqu’à ses interviews.
Ainsi dans Paris Match, elle dévoile les coulisses peu reluisants de l’industrie musicale, et se permet de casser le mythe… De la sororité entre chanteuse.
Une illusion ?
La sororité est-elle un mythe ? Miki s’interroge. Et s’exprime sans filtre.
"Elle se méfie de la sororité", observent ainsi nos confrères de Paris Match dans ce long portrait qui revient sur les influences et la vie de l’artiste. "Il y a une petite hypocrisie dans ce concept", dénonce effectivement la jeune chanteuse de 27 ans, alors que la presse musicale n'aide en rien à cette solidarité - ne cessant de comparer les chanteuses entre elles, comme on a pu le voir avec Marguerite récemment.
Détaillant son point de vue, Miki fustige : "Les meufs disent qu'elles se soutiennent. Mais en réalité cela cache souvent de la jalousie. Les filles, entre elles, peuvent être insupportables. Même dans les entreprises, les femmes qui se font descendre le sont souvent par d'autres femmes..."
"Je m'en suis rendu compte cet été dans les festivals. Je n'ai pas encore complètement admis que tous ces gens étaient là pour moi. J'ai encore l'impression d'être une imposteuse", achève-t-elle dans les pages du magazine. Un regard lucide et introspectif, donc.
Qui met en lumière l’idée de rivalités féminines, et surtout, l’aboutissement du système patriarcal : créer un esprit de compétition qui au final, spoiler alert, ne profite… Qu’aux hommes privilégiés.
La solidarité entre femmes n'est pas encore absolue dans ce milieu, et il faut dire qu'il y a encore beaucoup à faire dans de nombreux autres.
On se souvient par exemple de ces mots de l'éditorialiste politique Léa Chamboncel, autrice de l’enquête Plus de femmes en politique !, pour Terrafemina : “En politique également, bien des femmes n'ont pas trouvé la sororité dont elles avaient besoin. La sororité est quelque chose qui se construit.”
“La sororité est un mythe politique. Beaucoup de ces femmes n'ont effectivement pas trouvé cette sororité dont elles avaient besoin mais certaines, si. On a toujours l'impression que le mot de "sororité" peut tout régler, que ça existe en soi. Mais la réalité, c'est que cette sororité se construit.”