Dans une interview accordée au média britannique The Guardian, Vincent Cassel déclare : "C'est presque honteux d'être un homme de nos jours. Vous devez être plus féminin, plus vulnérable. Mais écoutez, si les hommes deviennent trop vulnérables et trop féminins, je pense qu'il va y avoir un problème".
S'exprimant ainsi, l'acteur de 56 ans réagissait à la vision de la masculinité renvoyée par les films de nos jours, et notamment les films d'action américains. Pour Vincent Cassel, les hommes y sont dépeints avec trop de fêlures. Pas assez virils ? Il faut croire. "Nous avons tendance à oublier le fond des choses. On doit être soi-même", assure encore le comédien auprès du journal. Pas très moderne tout ça.
On se demande même ce qu'ont tous les mecs quinquas avec ce fantasme qu'est "le déclin de la masculinité". On se rappelle notamment des paroles de Sean Penn, qui s'angoissait de voir les hommes "se féminiser". Une féminisation qui semble mettre en péril leurs convictions.
Réac, vous avez dit réac ?
En vérité, on peut voir là une réaction typique de mec dépassé par l'évolution des mentalités. Plutôt courant sur la scène culturelle, à l'heure où les jeunes générations louent le talent des "hommes nouveaux", pour reprendre l'expression de l'autrice Aline Laurent-Mayard. Formule que l'autrice associe dans un passionnant essai à Timothée Chalamet : acteurs délivrant une vision plus saine, empathique et complexe émotionnellement de ce qu'est la masculinité, aux antipodes de tout "bad boyisme" et autre toxicité.
Ces "hommes nouveaux" assument effectivement leur vulnérabilité, physique mais surtout émotionnelle - ce qui permet d'aller à l'encontre de stéréotypes maintes et maintes fois remâchés - et on a bien du mal à comprendre pourquoi cela serait forcément négatif. Pourquoi le James Bond incarné par Daniel Craig, pourvu de failles et de doutes, serait-il forcément moins intéressant que l'agent super-viril jadis incarné par Sean Connery ?
On aurait plutôt tendance à interpréter cette critique comme une angoisse exprimée face à la perte de ce qui, comme l'a démontré la philosophe Olivia Gazalé, n'est en vérité qu'un mythe : la virilité. Une vision dépassée qui entraîne bien souvent des comportements dangereux. Mais Vincent Cassel semble particulièrement accroché à ce culte. L'acteur, il est vrai, a maintes fois tenu des rôles de narcissiques, durs à cuire et autres déclinaisons de masculinité toxique dans sa carrière. Une toxicité perverse fustigée au sein même de ses films, du Mon Roi de Maïwenn à Jusqu'à la fin du monde de Xavier Dolan.
Et Vincent Cassel de poursuivre sa logorrhée d'un autre temps en défendant l'influenceur masculiniste Andrew Tate, arrêté dans le cadre d'une enquête sur la traite d'êtres humains en Roumanie en décembre 2022, visé par une enquête ouverte pour "viol", "trafic d'êtres humains" et "constitution d'un groupe criminel organisé" (après avoir été joyeusement clashé par Greta Thunberg) : "Il dit beaucoup de choses qui sonnent vraiment problématiques, mais au milieu de tout ça, il en dit qui sont réellement intéressantes, parce qu'il veut défendre la masculinité". Ah. Que l'on se rassure cependant, l'acteur conclut : "J'espère ne pas être misogyne. Je suis entouré par des femmes du matin au soir, parce que j'ai trois filles, une femme, une ex-femme et une mère". Ouf !
Toujours est-il que le côté très "male tears" de cette intervention - et le fameux nadine-moranisme "je ne suis pas misogyne car je connais plein de femmes" - ont consterné la Toile. "Il est inquiet à ce point pour sa virilité Vincent Cassel ? C'est triste un niveau de fragilité pareil", a ironisé une internaute. "J'ai une mère et une soeur, je suis féministe en fait", a poursuivi un autre sur le même ton. Mieux vaut en rire ?
