Les violences intrafamiliales sont encore en hausse, et c'est très inquiétant

Publié le Jeudi 02 Mars 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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Les violences intrafamiliales sont encore en hausse, et c'est très inquiétant
Une nouvelle étude du ministère de l'Intérieur nous révèle une inquiétante augmentation des violences intrafamiliales physiques ou sexuelles en 2021. Accablant.
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Malgré une libération de la parole de plus en plus ample, mais aussi une libération de l'écoute, les violences intrafamiliales seraient en augmentation en France. C'est ce qu'avance un nouveau rapport édifiant publié le 28 février par le ministère de l'Intérieur, et témoignant d'une recrudescence desdites violences, commises entre membres d'une même famille, hors conjoint ou ex-conjoint, entre 2020 et 2021.

Des violences aussi bien physiques que sexuelles. Ayant enregistré les plaintes de 64 300 victimes de violences intrafamiliales non conjugales en 2021, dont 47 900 au titre de violences physiques et 16 400 de violences sexuelles, les services de police et de gendarmerie observent de fait une augmentation de 16 % par rapport à 2020. A savoir, 13 % de plus pour les violences physiques et 26 % de plus pour les violences sexuelles.

Pour 48 % des victimes, développe cette étude, les faits subis sont antérieurs à l'année d'enregistrement de la plainte. En outre, 80 % des victimes étaient mineures au moment des faits et plus de la moitié (59 %) sont des femmes. En 2021, 38 100 personnes ont été mises en cause pour des violences physiques au sein de la sphère familiale. Les trois quarts... sont des hommes.

A ce sujet, l'enquête Genese révélée par le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) et menée du 1er mars au 16 mai 2021 auprès de 109 000 individus nous apprenait déjà que plus d'une femme sur cinq aurait subi une violence intrafamiliale avant l'âge de 15 ans (psychologique, physique ou sexuelle) contre un homme sur six. Des chiffres qui incitent à déployer des solutions concrètes.

Derrière les violences, des problématiques lourdes

Element positif : le rapport du ministère de l'Intérieur observe en dépit de cette réalité tout un contexte "de libération de la parole et d'amélioration de l'accueil des victimes" qui se développe dans notre société. Et pourtant, l'enjeu des violences intrafamiliales engendre toujours autant de problématiques...

Problématique, le dépôt de plainte, démarche difficile pour les victimes, et le traitement de la justice, jugé insuffisant par de nombreuses voix féministes notamment. D'après l'enquête de victimation Genese publiée en 2020 et citée par le rapport gouvernementale, seules un tiers des victimes majeures de violences intrafamiliales non conjugales ont déclaré les faits subis à la police ou la gendarmerie. Une donnée éloquente.

"La majorité des victimes de violences intrafamiliales non conjugales ne signalent pas aux services de sécurité les faits qu'elles ont subis", déplore le ministère de l'Intérieur. Autrice du livre collectif La culture de l'inceste, Iris Brey déplorait également dans nos colonnes des failles indéniables : "la personne qui inceste le fait avant tout parce qu'elle sait qu'elle peut le faire, qu'il ne se passera probablement rien, qu'elle n'ira pas en prison".

"Car nous sommes dans une société où l'on grandit avec la notion d'impunité. En outre, les personnes qui incestent ont vu des personnes le faire auparavant. C'est la reproduction d'une domination", détaillait l'autrice.

Un enjeu d'autant plus considérable qu'il implique de prendre en compte diverses formes d'oppressions. Par exemple, les jeunes LGBTI sont les premières victimes des violences intrafamiliales, nous apprenait un rapport du Défenseur des droits en 2020, les femmes lesbiennes et bisexuelles s'avérant trois fois plus confrontées aux violences psychologiques, des insultes aux humiliations, que les femmes hétéros.

C'est donc toute une "culture de la domination" contre laquelle il faut lutter.