A voir en salles : "Moon", un film coup de poing qui mêle kickboxing et révolte féministe
A voir en salles : "Moon", un film coup de poing qui mêle kickboxing et révolte féministe
Faux film de sport - malgré sa protagoniste kick boxeuse - mais vrai film coup de poing, Moon nous fait voyager de l’Autriche à la Jordanie afin de dresser un vaste portrait de femmes, protagonistes aux voix étouffées et aux corps enfermés. Poignant et captivant. A découvrir en salles obscures dès ce 14 juillet.
Sarah est une kick-boxeuse professionnelle tout droit venue de Vienne. Lorsqu’elle accepte de travailler quelques mois comme coach pour les jeunes sœurs d’une riche famille du Moyen-Orient, la sportive, si loin de son foyer, se retrouve confrontée à une ambiance de plus en plus oppressante. Peu à peu consciente de l'attitude très étrange de ses élèves, elle décèle un inquiétant malaise, voire… Un piège ? Portrait de femmes en forme de choc des cultures, "du fin fond de l'Autriche à la Jordanie", telle que l’énonce un personnage, Moon est un film coup de poing, et pas simplement à cause du sport très musclé que pratique sa protagoniste.
Cette œuvre courageuse de Kurdwin Ayub, réalisatrice et scénariste irakienne kurde et autrichienne, dépeint de manière édifiante l'oppression de femmes éloignées de tout (réseaux sociaux, centre-ville, universités) et silenciées. Avec un sens de la tension aussi insidieux que douloureusement implacable. Et ce à travers le regard, paradoxe cinglant s’il en est, d’une combattante, femme de poigne qui n’est pas du genre à laisser autrui la dominer. Surtout pas un homme.
Il serait indélicat de trop en dire sur les révélations de ce personnage principal qui peu à peu semble se confondre avec ses élèves - alors que celles-ci n’ont de fenêtre sur le monde extérieur que la télévision, qu’elles regardent en boucle, Sarah n’a lors de son interminable séjour de contact réellement humain qu’avec un barman qu’elle retrouve chaque soir de l’autre côté du comptoir. Simplement, disons que cette chronique aussi puissante qu’anxiogène parvient à sonder, au sein d’un lieu resserré, la violence d’un environnement bien plus vaste qu’une propriété, aussi luxueuse soit-elle : ce que filme avec virulence la cinéaste, c’est le territoire du patriarcat…
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