Prothèses mammaires PIP : 30 000 femmes à opérer

Publié le Mardi 20 Décembre 2011
La Direction générale de la Santé (DGS) et l’Institut national du cancer (Inca) sont décidés à demander le retrait de toutes les prothèses défectueuses PIP, selon une information du journal Libération. Du jamais vu dans l’histoire de la Sécurité sociale : l’opération concernerait environ 30 000 femmes.
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La DGS et l’Inca pourraient demander à toutes les femmes porteuses de prothèses mammaires de la marque Poly Implant Prothèses de se les faire retirer, annonce le quotidien Libération ce matin. L’annonce devrait être faite vendredi, à l’issue d’un groupe de travail de l’Institut national du cancer. Pour le professeur Jean-Yves Grall, les autorités de santé sont unanimes sur la nécessité de faire retirer tous les implants, même ceux qui n’auraient pas encore montré de signe de rupture : « Nous sommes face à une crise sanitaire, liée à une escroquerie. Toute la profession en est consciente. Il n’y a pas d’urgence mais nous n’avons plus le choix. Il faut retirer toutes ces prothèses. A mes yeux, ce n’est pas l’application d’un principe de précaution, mais un principe de prévention », déclare-t-il dans Libération.

Les conditions discutées le 23 décembre
30 000 femmes sont potentiellement concernées par l’explantation des prothèses. Tous les frais médicaux et chirurgicaux liés à l’opération de retrait seront remboursés par la Sécurité sociale, et pour les femmes ayant bénéficié de chirurgie réparatrice pour raisons médicales et non esthétiques, elles seront également remboursées pour la pose de nouveaux implants. C’est là que des points de friction pourraient bientôt se faire sentir : pour les médecins, comme le célèbre chirurgien plastique, le Pr Lantieri, « ce n’est pas la collectivité qui doit prendre en charge le prix d’une nouvelle prothèse, posée pour des raisons esthétiques. »
Pourtant, ce cas de figure concerne 80% des porteuses de prothèses PIP, qui se demandent bien pourquoi elles vont devoir se repayer des prothèses alors qu’elles ont été escroquées avec des implants de mauvaise qualité, passés haut-la-main au travers des contrôles sanitaires. L’Ordre des médecins a indiqué qu’il pourrait mettre en place une conciliation entre les chirurgiens pour que les dépassements d’honoraires soient modérés.

La responsabilité du chirurgien
L’autre point délicat sera de retrouver toutes les femmes qui se sont fait implanter des prothèses de la marque PIP. Théoriquement, chaque femme opérée reçoit une carte identifiant sa prothèse, mais dans les faits ce n’est pas toujours le cas. Il s’agira de les retrouver tout en respectant leur anonymat. Cette tâche incombera certainement aux chirurgiens, mais tous vont-ils coopérer pour passer ce désagréable coup de fil à leurs patientes ? A présent, 523 femmes se sont déjà fait retirer leurs implants, soit à peine 2% des porteuses de prothèses PIP, sans compter les femmes qui en ont reçu à l’étranger…

La demande de retrait des implants PIP fait suite à la détection d’une dizaine de cas de cancers suspects chez des femmes porteuses de ces prothèses au gel toxique. La société PIP, mise sous liquidation judiciaire pour avoir utilisé un gel industriel non-conforme pour un usage médical, pourrait être accusée de blessures et homicide involontaire.

(Source : AFP)
Crédit photo : AFP

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