La réponse cinglante des accusatrices de Nicolas Hulot et PPDA aux critiques d'Emmanuel Macron

Publié le Mercredi 08 Décembre 2021
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Les accusatrices de Nicolas Hulot répondent aux critiques d'Emmanuel Macron
Les accusatrices de Nicolas Hulot répondent aux critiques d'Emmanuel Macron
"Nous ne sommes pas les boureaux". Suite aux propos d'Emmanuel Macron fustigeant une forme "d'inquisition", quatorze femmes accusant Nicolas Hulot et PPDA d'agressions sexuelles ont répondu au président à travers une tribune publiée sur "Le Monde".
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"L'enjeu, c'est de faciliter et d'accompagner la libération de la parole, le recueil des plaintes, l'efficacité de la justice. Nous n'accepterons jamais une société de l'opacité ou de la complaisance. Mais nous ne voulons pas non plus d'une société de l'inquisition". Voilà ce qu'aurait déclaré Emmanuel Macron en Conseil des ministres le 1er décembre dernier, selon des sources concordantes à BFMTV.

Une réaction directe aux accusations qui pèsent notamment sur son ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot. Dans le numéro d'Envoyé Spécial diffusé le 25 novembre, cinq femmes accusaient ce dernier de viol et d'agressions sexuelles. Ces propos rapportés du président, et notamment la référence historique à l'Inquisition, ont choqué de nombreuses voix, dont les accusatrices de Nicolas Hulot et de PPDA. L'ancien présentateur du JT de TF1 fait l'objet de 23 témoignages, 8 plaintes, dont trois pour viols et quatre pour agressions sexuelles et harcèlement sexuel.

"Vous nous mettez du côté des inquisiteurs, figures honnies de la mémoire collective, représentants des pires atrocités du passé. Quel est le rapport entre nos récits et l'Inquisition ?", s'interrogent celles-ci au sein d'une puissante tribune diffusée dans les pages du Monde ce mercredi 8 décembre.

"Nous sommes des menteuses selon nos agresseurs, une menace pour le pays selon vous. De quel changement néfaste nos paroles seraient-elles les prémices ? Quel pouvoir avons-nous ? De nos intimités exposées naîtrait le risque de replonger la France dans une des périodes les plus sombres et les plus unanimement détestées de l'histoire occidentale ?", s'interrogent encore les quatorze signataires de la tribune.

"Nous ne sommes pas les bourreaux"

"L'Inquisition a emprisonné, torturé, brûlé les hérétiques, ceux qui étaient soupçonnés de mettre en cause la toute-puissance divine et l'institution de l'Eglise. Le souvenir de ses juges ordonnant des traitements cruels pour des culpabilités inventées est resté comme le symbole de l'obscurantisme", rappellent les autrices de cette tribune. Un emploi exagéré des références historiques propre au traitement médiatique de #MeToo et du néoféminisme, comme le rappelle Rose Lamy dans son livre (et compte Instagram) Préparez-vous pour la bagarre.

Il est effectivement courant depuis plusieurs années d'observer ce type de glissement sémantique concernant la prise en compte des témoignages de victimes de violences sexistes et sexuelles. Emmanuel Macron parle "d'inquisition" là où certains parleraient volontiers de "chasse aux sorcières" ou encore de "délation". En 2017 d'ailleurs, le même Emmanuel Macron déclarait : "Je ne veux pas d'une société de la délation généralisée".

"Nous n'avons rien d'autre à y gagner que de dire une vérité, même dérangeante, et d'éclairer le pays sur le traitement des violences sexuelles, sur l'usage que font certains hommes de leur pouvoir, sur l'impunité dont ils jouissent. Certains nous soupçonnent de vouloir faire parler de nous, de nous régaler d'un statut victimaire, de contribuer à l'injustice par le biais d'un imaginaire tribunal médiatique ne respectant aucune règle, de bafouer la présomption d'innocence. On nous dit ce qu'on dit toujours aux femmes : on exagère et on cherche à nuire", déplorent encore les signataires du texte.

Et celles-ci de conclure : "En agitant la menace inquisitoriale, vous en rajoutez une couche, vous nous dites que nous sommes dangereuses. Une pièce de plus dans la machine à taire. Mettre nos misères en lumière risquerait d'enfoncer la France dans les ténèbres ? Nos récits ne devraient-ils pas faire avancer le droit plutôt que de le faire reculer jusqu'aux horreurs de l'Inquisition ? Nous ne sommes pas les bourreaux, monsieur le président de la République. Pourquoi faisons-nous si peur ?".