Pourquoi être bien dans sa tête est essentiel pour être bien dans sa culotte

Publié le Jeudi 01 Octobre 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Pourquoi être bien dans sa tête est essentiel pour être bien dans sa culotte ?
Pourquoi être bien dans sa tête est essentiel pour être bien dans sa culotte ?
Dans son livre préfacé par Jüne Plã, la plume derrière le compte Insta Jouissance Club, l'autrice et étudiante sage-femme Amal Tahir aborde un sujet nécessaire : le lien entre bien-être mental et sexualité. Et nous explique pourquoi il faut être bien dans sa tête pour être bien dans sa culotte.
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Le titre du livre d'Amal Tahir est plein d'optimisme et de bienveillance : Bien dans ma tête, bien dans ma culotte. Sept mots qui appellent à être à l'écoute de ses désirs, de son plaisir, de son bien-être physique et mental. Au fil des pages, et grâce à un style accessible, l'autrice et étudiante sage-femme encourage les lectrices à prendre soin d'elles et à devenir maîtresse de leur sexualité, sans jamais les culpabiliser. A explorer leur corps, à le cajoler et à le chérir. Et leur esprit aussi.

L'ouvrage fait également preuve d'une honnêteté rafraîchissante. Notamment dans la préface écrite par Jüne Plã, la créatrice du compte Instagram Jouissance Club, repaire digital où trouver l'inspiration pour se faire du bien. "'Bien dans ma tête, bien dans mon corps'... moi, je veux bien mais je n'ai jamais trop su comment faire", lâche-t-elle en guise d'intro. Des lignes qui parlent à nombreuses. Et auxquelles Amal Tahir répond en insistant sur un point : pour être épanouie au lit, il faut l'être aussi dans la vie.

Équilibre et confiance en soi

"Bien dans ma tête, bien dans ma culotte", d'Amal Tahir
"Bien dans ma tête, bien dans ma culotte", d'Amal Tahir

"Le 'bien dans ta tête' est la base de tous les autres bien-être", assure l'autrice qui ne se contente pas de soulever des questions légitimes : elle offre aussi quelques clés pour y répondre.

"Comment accéder au bien-être sexuel ? En étant conscient·e que la confiance en soi est un spectre large : tu peux avoir confiance en toi dans le cadre du travail mais pas dans ton corps, tu peux avoir confiance en ton physique mais pas en ton mental, et inversement." Et puis aussi, en s'occupant des blocages psychologiques qui peuvent mener aux blocages sexuels.

Elle propose ainsi de démarrer par bosser sur l'image que l'on a de sa personne, à l'intérieur comme à l'extérieur. "Le but est de travailler chaque jour pour acquérir une confiance en soi plus ou moins stable dans tous les domaines, même si dans certains, elle sera toujours un peu plus basse ou un peu plus haute, ce qui compte est qu'elle soit présente." Et souligne : "Peu importe le temps que ça prendra, tu n'es pas obligé·e d'avancer tous les jours. Tu as le droit de reculer dans la vie. Un pas en arrière peut présager dix pas en avant le lendemain."

La spécialiste incite également à s'aimer sous tous les angles (de la tête aux pieds, en passant par la vulve et les seins) et à s'assumer. "L'une des premières causes mentales qui freine le relâchement sexuel est le fait de ne pas assumer son corps. Oui, je dis bien : 'assumer'. Je n'ai pas dit 'aimer', car il s'agit d'une chose différente : tu peux parfaitement aimer ton corps face au miroir mais ne pas l'assumer devant un·e partenaire". Et conseille : "Mets-toi à nu face à ton·ta partenaire et demande-lui : 'Tu vois quoi, toi ?' Je peux te garantir qu'il·elle ne verra pas la même chose que toi. Mets tes complexes à nu, c'est le début d'une nouvelle relation à ton corps !" Et donc, à son plaisir.

Mieux connaître son anatomie sexuelle

Le bien-être physique et mental passe aussi par la connaissance. Celle de ses émotions, de ses réactions, de ses traumatismes et de son vécu. Et puis, de son anatomie - sexuelle, notamment. De ses organes génitaux : sa vulve, son clitoris, son utérus, ses ovaires. Comment marchent-ils, à quoi, précisément, servent-ils. Récupérer un savoir dont on nous a privées durant des siècles, pour mieux se connaître, donc. Et finalement, mieux jouir.

"Une éducation autour de ton propre corps est fondamentale pour expérimenter l'épanouissement personnel", martèle Amal Tahir, qui liste, schéma à l'appui, le rôle de chaque partie. "Toutes ces informations sont purement scientifiques mais elles concernent ton corps, elles sont en toi : tu as le devoir et le droit d'en savoir davantage" "N'accepte plus de vivre dans l'ignorance de ce que tu es. (...) Si les femmes gardent le silence sur leur corps, c'est uniquement parce qu'elles ont peur d'être jugées négativement par les hommes. N'accepte plus cet état de fait."

Elle affirme également que c'est en se renseignant que l'on saura ce qui nous plaît, ce qui nous excite, ce qui nous mène à l'orgasme. Et au contraire, que c'est en passant à côté de cet enseignement essentiel que l'on peut avoir du mal à prendre son pied. "Si tu n'as jamais eu d'orgasme (que ça soit tout·e seul·e ou avec une autre personne), sache qu'il existe des causes mentales qui peuvent bloquer l'accès à l'orgasme, mais cela peut également être dû à une cause mécanique". Traduction : nos lacunes anatomiques - causées par un manque d'éducation sexuelle critique en France - mènent parfois à une mauvaise approche de la masturbation ou du rapport. Et il est temps, sans pour autant se culpabiliser, d'y remédier.

Consentir et guérir

Dans un chapitre indispensable, l'autrice et experte rappelle l'un des termes les plus importants d'une sexualité positive et épanouie : le consentement. Une notion qui lie, sans aucun doute, physique et mental. "Ton consentement est fondamental", souligne-t-elle, expliquant que : "céder n'est pas consentir. Cela signifie que si un·e partenaire te met la pression pour avoir un rapport sexuel (pénétratif ou non) et que tu n'en as pas envie ou que tu n'es pas sûr·e d'en avoir envie : tu n'as pas à céder."

Elle aborde aussi l'importance de panser des plaies enfouies. "Ton corps est peuplé de cicatrices invisibles : ce sont les pires puisque personne ne peut les voir excepté toi", livre-t-elle. Guérir pour mieux avancer, et reprendre le contrôle. En s'ouvrant à l'autre, notamment. "Il n'y a rien de mal à ne pas être indépendant·e quand il s'agit de reconstruire une part de soi."

Finalement, Bien dans ma tête, bien dans ma culotte accompagne celles qui ont besoin d'un coup de pouce plein de douceur pour leur vie sexuelle. Celles qui souhaitent déconstruire leur pensée autour de la sexualité, pour se reconstruire par la suite. Celles qui ont soif de réponses et d'explications simples et concises. Un guide ludique auquel on revient sans modération. Seul·e, et pourquoi pas à deux.

Bien dans ma tête, bien dans ma culotte, d'Amal Tahir, préfacé par Jüne Plã, éditions Kiwi. 16 euros