Gérard Depardieu est accusé de violences sexuelles par 13 femmes : propos salaces décomplexés, mains posées sur les cuisses, les jambes et les fesses, humiliations en public, insultes sexistes... Des témoignages relatées au sein d'une enquête ambitieuse de "Médiapart".
Récemment encore, l'acteur, qui dément "tout comportement pénalement répréhensible", s'est défendu l'espace d'une lettre ouverte, parue dans les pages du "Figaro", affirmant : "Je ne peux plus consentir à ce que j'entends, ce que je lis sur moi depuis quelques mois. Tout cela m'atteint [...] Jamais au grand jamais je n'ai abusé d'une femme. Je ne suis ni un violeur ni un prédateur".
Cela avait fait réagir sa première accusatrice, la jeune comédienne et danseuse Charlotte Arnould. Et ce jeudi 12 octobre, c'est une autre actrice qui a décidé d'ouvrir la parole dans longue interview au magazine ELLE : Anouk Grinberg.
Figure incontournable du cinéma français des années 90, remarquée dans l'an dernier dans les formidables L'innocent et La nuit du 12. Mais pourquoi s'exprimer à propos de "l'affaire Depardieu" ?
Anouk Grinberg, qui connaît personnellement Charlotte Arnould, explique : "Je ne veux plus me taire. Le silence dans ce milieu est assourdissant. Il doit cesser. Charlotte est seule face à tous".
Mais ce n'est pas tout. Anouk Grinberg est également revenue sur ses expériences de tournage auprès du célèbre "ogre" du cinéma français...
En 2020 notamment, Anouk Grinberg partageait l'affiche du dernier film de Jean Becker aux côtés de Gérard Depardieu. Une expérience qu'elle considère aujourd'hui comme particulièrement éprouvante.
"J'ai tourné avec lui en me bouchant le nez tous les jours et je l'ai entendu débiter ses ordures sexuelles aux autres femmes sur le plateau. Personne, jamais, ne lui a dit 'Ta gueule !', et il disait en ricanant : 'Il faut que je fasse gaffe, la justice m'emmerde à cause d'une petite qui me traîne en justice'..."
"Quand il dit qu'il n'a jamais agressé une femme, moi, je l'ai vu le faire pendant tout ce temps. Je l'ai vu mettre des mains aux fesses à des femmes, leur toucher les seins, le sexe tout en blaguant. Je l'ai entendu parler toute la journée de leur moule, de comment il aimerait les sucer toute la journée et personne n'a jamais rien dit", accuse encore l'actrice française.
Des observations qui à la lire étaient similaires lorsqu'elle tournait devant la caméra de son ex compagnon, Bertrand Blier, dont Gérard Depardieu était l'un des acteurs fétiches : "Je n'ai pas été épargnée par ses agressions verbales. Blier et lui s'excitaient mutuellement pour humilier les femmes et en rire".
"L'équipe faisait allégeance, riait aussi pour plaire aux rois. A ce moment-là de ma vie, je n'avais alors pas d'autre choix que de rire avec la meute pour avoir une petite place", cingle Anouk Grinberg à ce titre.
Pour Anouk Grinberg, "l'affaire Depardieu" est emblématique d'une omerta qui règne dans l'industrie culturelle. Elle détaille auprès de ELLE : "Les hommes se protègent entre eux dans le cinéma. Je n'ai jamais vu d'hommes intervenir pour freiner le comportement de Depardieu, jamais. Mais aucune femme non plus...".
"Le monde du cinéma est comme une famille avec tout ce que cela peut avoir de pathologique, voire de cruel : si quelqu'un a subi des violences sexuelles au sein d'un clan, le clan protégera l'agresseur et se retournera contre la victime"
En janvier 2021, Gérard Depardieu se défendait des premières accusations graves dont il faisait l'objet : "Je suis innocent et je n'ai rien à craindre", affirmait-il à ce titre. Il nie encore ces accusations.