#WagonSansCouillon : elles témoignent des violences sexistes subies dans le métro

Publié le Lundi 16 Septembre 2019
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Wagon sans Couillons, le "Balance ton porc" des transports.
Wagon sans Couillons, le "Balance ton porc" des transports.
Puisque s'embarquer sur n'importe quelle ligne est toujours un sport de combat, le hashtag #WagonSansCouillon témoigne des passagers les plus "relous". Des situations trop banalisées.
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On le sait bien, le harcèlement sexiste dans les transports est (très) loin d'être un phénomène rarissime. Des gestes "déplacés" de gros relous aux remarques misogynes en passant par la masturbation en public, l'on ne compte plus le nombre d'abus qui se banalisent au fil des lignes, de jour comme de nuit. Et c'est pour cela que le collectif Osez le féminisme désire libérer la parole. Suite au 14 septembre dernier (premier samedi d'expérimentation de l'ouverture des métros de nuit à Paris), ces militantes ont lancé le bien nommé hashtag #WagonSansCouillon.

L'idée ? Inviter les internautes à témoigner sur Twitter, afin de relater leur vécu. Poser des mots sur les situations inconvenantes qu'elles ont pu vivre, les agresseurs et harceleurs qu'elles ont pu croiser entre deux arrêts. Sans oublier les fameux "frotteurs" du métro - vous savez, ce terme un peu curieux que l'on a inventé pour ne pas trop répéter le mot "agresseur".

Hormis cet appel à témoins, les internautes sont appelées à participer à une enquête du même nom, lancée le 14 septembre dernier. Un travail de recherche destiné à "mesurer la prévalence des violences sexistes dans l'espace public, l'utilisation et l'efficacité des dispositifs d'urgence mis à la disposition des usagères", précise le communiqué d'Osez le féminisme. Et tout cela se remplit ici. Salutaire !

Le métro des machos

"On a le droit de circuler librement sans que les hommes nous dérangent et nous menacent", décoche à ce titre l'une des administratrices de l'association. Sur Twitter, quelques voix se libèrent déjà pour décrire ce malaise quotidien. A l'instar de cette militante qui confesse sans filtre sa peur constante. Et relate l'espace d'un thread quelques expériences dont elle se serait bien passée : ces avances dans les bus bondés, cet homme qui, ligne 4, a sorti son sexe et a commencé à se masturber, cet autre, qui, au sein de son groupe de potes très bruyants, est venu la harceler. Surtout, elle témoigne de ce que l'on éprouve dans ces instants-là, entre la crainte croissante et la sidération, l'inquiétude (pas juste au sein du métro, mais à sa sortie) et l'impression d'être "figée". Comme impuissante, que le wagon soit désert ou non.

Dans l'idéal, #WagonSansCouillon aura évidemment pour effet d'ouvrir davantage d'yeux quant à la réalité du harcèlement dans les lieux publics. Mais également d'apporter un éclairage sur l'impunité de ceux qui y sévissent. "Le harcèlement sexiste, c'est par exemple quand un homme regarde une femme avec insistance, la siffle, lui parle alors qu'elle ne manifeste pas d'intérêt à être en contact avec lui, a des propos à connotation sexuelle, fait des commentaires sur le physique, la suit dans les couloirs. L'agression sexuelle, c'est quand un homme utilise la promiscuité des transports pour frotter son sexe contre une femme, lui toucher les fesses, les seins. Tout ça, ça suffit !", déplorent encore les militantes d'Osez le féminisme.

En ce sens, leur grande enquête porte autant sur les "stratégies d'évitement" employées par les passagères face aux potentiels agresseurs que sur les réactions des éventuels témoins face à de telles situations d'abus.

Quant à l'opération #WagonSansCouillon en son entier, elle se poursuit le 12 octobre prochain, à l'occasion du second samedi d'expérimentation d'ouverture des métros de nuit. Les résultats de l'enquête antérieure seront alors dévoilés, ainsi que les préconisations et revendications issues de leur analyse minutieuse - et tout ce que cela raconte sur l'insécurité des femmes dans les transports en commun. Un questionnaire nécessaire puisque, comme le précise Osez le féminisme, une étude du Haut Conseil à l'Égalité réalisée en 2015 révèle que 100% des femmes utilisatrices ont déjà été victimes de harcèlement sexiste ou d'agressions sexuelles dans les transports en commun. C'est l'heure du terminus, tous les relous descendent.