Violée, torturée : le témoignage d'Elaha Dilawarzai, symbole de la violence faite aux Afghanes

Publié le Mardi 06 Septembre 2022
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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Victime de viols, d'un mariage forcé et de violences, Elaha Dilawarza est devenue un triste emblème des violences faites aux femmes afghanes par les talibans. Un système d'oppression banalisé.
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"Après avoir publié cette vidéo, il est possible que personne ne me revoit, je pourrais mourir. Ce sont peut-être mes derniers mots. Il va me tuer. Mais il vaut mieux mourir une fois que mourir mille fois". Ainsi s'est exprimée Elaha Dilawarzai, étudiante en médecine à l'université de Kaboul, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux le 30 août dernier. Un témoignage accablant.

Effectivement, Elaha Dilawarzai a accusé l'ancien porte-parole du ministère de l'Intérieur taliban, Saeed Khosty, de l'avoir forcée à se marier et de l'avoir violée à plusieurs reprises. Un mariage forcé qui aurait eu lieu il y a six mois de cela. La jeune femme déclare également avoir été battue. Elle tournerait cette vidéo dans l'appartement de Kaboul où elle est enfermée.

Elaha Dilawarzai accuse également Saeed Khosty d'avoir voulu marier sa soeur de force.

"Chaque nuit, il me violait"

Dans sa vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux, la jeune étudiante en médecine développe avec beaucoup d'inquiétude : "Chaque nuit, il me battait et me torturait. Il me violait tous les soirs". Une parole accablante qui a engendré de nombreuses réactions, comme celle de l'ONG Human Rights Watch.

"Le témoignage vidéo d'une jeune femme soumise à un mariage forcé illustre la dégradation des droits des femmes sous les talibans. Il faut renforcer le soutien à ces femmes et filles", a commenté l'organisation. Sur Twitter, un mot-clé a été initié pour soutenir la jeune Afghane : #JusticeForElaha.

Cette dernière aurait été arrêtée pour diffamation et pourrait être condamnée "selon la charia". Saeed Khosty nierait auprès des médias sociaux tout "mariage forcé" et "acte illégal".

L'ONG HRW conclut : "Il ne serait pas surprenant qu'un responsable taliban se sente libre d'infliger un mariage forcé marqué par des allégations de viol, d'agression et de chantage. La question est de savoir combien de tels cas existent sans que l'on puisse le savoir".