Agoraphobie : plongée dans le monde d'une hypersensible

Publié le Mercredi 24 Avril 2019
Medoucine
Par Medoucine Expert
Etre agoraphobe
Etre agoraphobe
De nombreuses personnes hypersensibles redoutent le contact avec l'extérieur par manque de moyens pour se protéger contre toutes ces informations et leurs émotions. Voici un aperçu du monde perçu par ce phobique.
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L'agoraphobie est une angoisse disproportionnée liée à la fréquentation de lieux publics, ou espaces dont une personne ne peut s'échapper, ou être secouru facilement en cas de difficultés. Des crises de panique peuvent alors se déclencher dans des lieux très divers : rues, parcs, centres commerciaux, cinéma, métro, gare, montagne, etc. L'agoraphobie inclut, mais ne se limite pas, à la peur de la foule.

Plusieurs causes peuvent être à l'origine d'une agoraphobie : expérience personnelle de catastrophe comme un accident ou un incendie, angoisse de mort, héritage familial d'angoisses diverses, etc. Il existe par ailleurs une raison rarement évoquée, qui peut être à l'origine de ce trouble comportemental : l'hypersensibilité.

Certaines personnes ressentent plus intensément que la moyenne les stimuli provenant de l'extérieur, par conséquent ressentent plus de stimulations, plus d'émotions, et des émotions plus intenses. Peut-être avez-vous déjà remarqué qu'un niveau sonore qui convient aux autres est trop fort pour vous ? Ou bien que la luminosité vous gêne facilement ? Ou bien qu'une pièce remplie de personnes vous fatigue très vite ? Ou bien connaissez-vous au contraire des gens qui ont "toujours quelque chose qui va pas" ?

Si l'on ne le vit pas, il est très difficile d'imaginer comment un.e hypersensible perçoit le monde, car ce n'est pas uniquement les émotions des autres qu'ils ressentent plus fort, c'est aussi les lieux, et toutes les informations qui s'y trouvent.

Voici une petite balade dans le monde d'une hypersensible.

Etre agoraphobe, ça veut dire quoi ?
Etre agoraphobe, ça veut dire quoi ?

Sortie de chez elle pour rejoindre une amie boire un café, R. plisse les yeux : un grand ciel bleu, trop de soleil – rien ne vaut un bon gros nuage pour adoucir la lumière. Elle décide néanmoins d'y aller à pied. A plusieurs reprises au cours du trajet, une impression floue de malaise l'envahit – sensation de froid, de dureté, tristesse, parfois peur – pourtant tout va bien, le soleil brille.

C'est en fait "les émotions" des lieux qu'elle a perçues, les informations inscrites dans des lieux à la suite d'événements par exemple, que certaines personnes ressentent. Aux abords d'une prison, sur un lieu de bataille, dans un hôpital, il y a de fortes chances qu'un·e hypersensible ne se sente pas très bien.

R. arrive au café, retrouve son amie, le serveur de bonne humeur, la luminosité est parfaite, et la musique pas trop forte. Détendue, agréable. Puis R. remarque qu'elle se sent tendue, depuis que les deux personnes du fond sont arrivées. Elles sont pourtant discrètes, et loin d'elle. En fait, R. perçoit toutes les personnes dans ce lieu, même celles qui passent dans la rue. Et ce qu'elle ressent d'elles ne sont pas les marqueurs extérieurs "objectifs" habituels : apparence, voix, politesse, etc. C'est leur état émotionnel intérieur. Ces deux personnes sont stressées par un rapport à finir ce soir, et sont intérieurement très tendues – en fait, tout leur corps est tendu. Par son hypersensibilité, R. a ressenti cette tension.

Consciemment ou non, un·e hypersensible est affecté·e par tout ce qui l'entoure – lieux et personnes – et ressent à l'intérieur de lui/elle son environnement. De nombreuses personnes hypersensibles redoutent le contact avec l'extérieur par manque de moyens pour se protéger contre toutes ces "intrusions d'informations".

Heureusement, ce comportement n'est pas définitif, il peut être modifié en apprenant à moduler sa connexion avec les informations environnantes : on peut apprendre à se "brancher" plus ou moins fort, et surtout, apprendre à se "débrancher" pour vivre sereinement malgré une hypersensibilité. Qui peut alors être vécue comme un cadeau.

Par Mylène Mathieu, hypnothérapeute certifiée et validée du réseau Medoucine.

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