Empêchée d'allaiter à Disneyland Paris par des agents de sécurité : la photo qui crée le tollé

Publié le Mercredi 07 Juillet 2021
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Empêchée d'allaiter à Disneyland Paris par des agents de sécurité : la photo qui crée le tollé
Empêchée d'allaiter à Disneyland Paris par des agents de sécurité : la photo qui crée le tollé
Assise sur un banc en attendant son mari et sa fille de 5 ans, une Australienne de 33 ans a été interpellée par les agents de sécurité du parc francilien. En cause : elle allaitait son bébé de 2 mois, un acte qui ne serait pas permis par le lieu à en croire les employé·e·s.
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"Hier (samedi 3 juillet, ndlr), vos agents de sécurité ont empêché une maman d'allaiter son bébé de 2 mois au motif que cela choquait la clientèle étrangère ! En France, en juillet 2021 ! Délit d'entrave à l'allaitement on en est où ?" Ces mots indignés publiés sur Twitter par une utilisatrice prénommée Marie font suite à une scène particulièrement choquante qui s'est déroulée au coeur de Disneyland Paris, rouvert depuis le 17 juin après 3 mois de fermeture - Covid oblige.

Alors qu'elle allaitait depuis une dizaine de minutes son enfant de neuf semaines, une visiteuse du parc de 33 ans a été accostée par des agents de sécurité qui lui ont demandé d'arrêter. Leur argument : "Ce n'était pas autorisé par le règlement", rapporte l'internaute qui a assisté à la scène au Parisien, précisant qu'ils sont allés jusqu'à comparer cela "au port du masque obligatoire".

"Pour information elle était australienne, complètement choquée", raconte encore la témoin. L'Australienne n'est autre que Laura, qui confie au journal : "On ne voyait pas grand-chose... Ils m'ont dit que si je ne voulais pas [arrêter], je devais aller ailleurs. Qu'il y avait des gens d'autres cultures et d'autres religions qui peuvent me voir".

"Pour la soutenir pleinement, je me suis mis sur le banc avec elle et j'ai aussi allaité mon enfant", rapporte Marie. "Les agents sont restés bouche bée. Ils ne m'ont rien dit et ne voulaient sûrement pas faire d'esclandre pour se retrouver avec un attroupement de femmes allaitantes". Laura se met alors à pleurer : "La contrariété puis cette aide merveilleuse, c'était trop d'émotion pour moi", confie-t-elle plus tard au média.

Sur la vidéo qu'elle a eu le réflexe de filmer et de ne pas supprimer contrairement aux requêtes audibles des employé·e·s du parc, on les entend expliquer que "si ça ne tenait qu'à eux", ils l'autoriseraient. Pourtant, c'est bien tout le contraire qui se passe.

"Allaiter un bébé n'est pas un délit"

Sur les réseaux sociaux, l'affaire devient rapidement virale. Disneyland tente d'abord de calmer la polémique, en précisant mettre "à disposition des mamans, le baby care center avec du matériel adapté et confortable comme notamment des sièges spécial allaitement".

Ce à quoi Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat à la Citoyenneté, a répondu : "Allaiter un bébé n'est pas un délit. Que vous ayez des salles dédiées c'est bien, mais on ne décide pas où et quand un bébé va avoir faim. Ne vous mettez pas vous aussi à stigmatiser les mères, c'est assez dur comme ça partout ailleurs. Merci d'avance". Un rappel visiblement nécessaire que la députée du Val d'Oise (ex-LREM) Fiona Lazaar, dépositaire d'une loi pour instituer le délit d'entrave à l'allaitement, fait elle aussi. "Chaque femme doit pouvoir nourrir son enfant, comme elle le souhaite et où elle le souhaite", martèle l'élue.

Face aux critiques, DisneyLand Paris s'est empressé d'ajouter : "Nous regrettons profondément cette situation et présentons de nouveau nos sincères excuses à la maman concernée. La demande qui lui a été faite n'est pas en phase avec notre règlement intérieur et nos valeurs. Il n'y a aucune restriction sur l'allaitement à Disneyland Paris". Mais le mal est fait, et révélateur d'une société qui ne peut s'empêcher de sexualiser et vouloir contrôler le corps des femmes.

Laura, elle, lance avec fermeté : "Il faut qu'on arrête d'embêter les mamans". Vivement.