Vers la création d'un délit d'entrave à l'allaitement ?

Publié le Vendredi 18 Juin 2021
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Vers la création d'un délit d'entrave à l'allaitement ?
Vers la création d'un délit d'entrave à l'allaitement ?
La députée du Val d'Oise Fiona Lazaar souhaite légiférer le "délit d'entrave à l'allaitement". Une proposition déposée le 15 juin qui punirait par la loi celles et ceux qui tentent d'interdire à une femme de donner le sein dans un lieu public.
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En mai dernier, Maÿlis, une jeune maman qui allaitait son enfant dans une boutique aurait été giflée par une cliente, sans que personne autour ne réagisse. Sur les réseaux sociaux, nombreuses ont été les concernées à témoigner d'altercations similaires qui, si elles étaient en majorité moins violentes physiquement, représentaient tout de même une réalité à bannir. Car voilà, tous les jours, des femmes qui donnent le sein à leur bébé sont jugées, vivement critiquées voire agressées, et parfois même, interdites de nourrir leur enfant de cette façon dans des lieux qui pourtant, devraient l'autoriser.

C'est justement pour éradiquer ces incidents trop fréquents que Fiona Lazaar, députée du Val d'Oise (ex-LREM), présidente du Conseil National des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale et vice-présidente de la délégation du Droit des femmes à l'Assemblée nationale, a proposé une loi qui protégerait les mères, et punirait quiconque les empêche d'allaiter. Un texte déposé le 15 juin qualifiant ces actes de "délit d'entrave à l'allaitement", qui ne contient "que deux articles", explique l'élue auprès de 20 Minutes.

"Le premier crée un délit passible de 1 500 euros d'amende pour qui interdit ou tente d'interdire à une femme d'allaiter dans l'espace public ou dans un établissement accueillant du public. C'est le coeur de ma proposition", affirme-t-elle. "Le second article vient, quant à lui, écrire noir sur blanc que le fait d'allaiter en public, n'est pas constitutif d'une exhibition sexuelle. C'est ce qui est très souvent reproché aux femmes qui le font."

Redonner aux femmes un droit fondamental

"Les témoignages de ce type sont légion", constate Fiona Lazaar auprès du média. "L'allaitement en public n'est ni autorisé, ni interdit par la loi. Il y a un vide à ce sujet et chacun interprète donc la loi comme il le souhaite. Or, par essence, tout ce qui n'est pas interdit, est autorisé. Malheureusement, dans les faits, on reproche aux femmes de le faire, on leur demande de sortir, ou elles se font agresser." Pour l'élue, il est donc indispensable d'agir et de cibler uniquement les détracteurs.

"Avec cette loi, le doute n'est plus permis, et on redonne aux femmes un droit qui leur est fondamental", signe-t-elle. Et de marteler : "Allaiter est un choix et un droit, il n'y a rien de plus naturel et de plus sain". Pourtant, ces comportements "intolérables", appuie-t-elle auprès de Capital, exercés par les autres entravent non seulement la tétée lorsqu'elle est nécessaire, mais également la décision en amont des futures mamans d'opter pour ce mode d'alimentation ou non.

"On constate des cas de femmes, qui auraient aimé allaiter, mais ne le font pas parce qu'elles ne savent pas comment elles vont gérer si leur bébé se met à pleurer dans un magasin ou dans une administration parce qu'il a faim", déplore encore la députée. "Je ne pousse pas à allaiter, les femmes font ce qu'elles veulent, mais elles ne doivent pas être empêchées par le regard des autres et une morale qui n'a pas lieu d'être."

Quant à savoir si cela changera les choses, Fiona Lazaar en est persuadée. Comme de l'issue positive de ce texte, d'ailleurs. A ce titre, elle l'affirme : le faire passer, elle en est déterminée.

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