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Au Japon, une ligne d'écoute dédiée aux hommes victimes de violences sexuelles est ouverte (mais #MeToo est encore loin)

Publié le Mercredi 20 Septembre 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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Les hommes également sont victimes de violences sexuelles, et c'est pour cela que le Japon a décidé de l'ouverture d'une ligne d'écoute dédiée. Une initiative qui risque de faire beaucoup parler, dans un pays qui n'a pas vraiment pris en compte #MeToo.
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Les hommes sont-ils les grands absents de #MeToo ?

En tout cas, leur présence fut moins prononcée. Outre atlantique, on a surtout pu entendre des stars comme l'acteur Oscarisé Brendan Fraser (La momie, The Whale), ou Terry Crews, que les fans de la série Brooklyn Nine Nine connaissent bien, témoigner d'abus et soutenir le mouvement.

MeToo n'est pas qu'une réaction à la violence des hommes, mais aux violences patriarcales. Violences sexuelles, agressions, humiliations, viols, touchent également les hommes. Pour ne citer que cela, il suffit d'observer la réalité des agressions homophobes, ou émises à l'encontre des hommes transgenres.

Cela, le Japon l'a bien compris, en ouvrant une ligne d'écoute dédiée aux hommes victimes de violences sexuelles. Aux hommes, et également aux jeunes garçons. Accessible le 22 septembre prochain, ce service de de consultations téléphoniques avec des professionnels fait déjà beaucoup réagir...

D'autant plus qu'il émane d'un pays loin d'être hyper MeToo compatible.

"Nous espérons que les victimes se sentiront en sécurité"

"Nous espérons que les victimes se sentiront en sécurité et qu'elles pourront consulter sans hésitation", a déclaré en conférence de presse la ministre chargée des Politiques de l'enfance Ayuko Kato, relate 20 Minutes.

Ligne d'écoute qui dans un premier temps ne devrait cependant être accessible que trois mois. En utilisant ce service d'écoute, les victimes pourront être mises en relation avec les autorités, et des spécialistes dédiés.

Problème: si le pays propose en parallèle un service d'assistance téléphonique pour les victimes de violences sexuelles, il est loin d'être limpide dans sa lutte contre le sexisme. Et c'est un doux euphémisme que de l'affirmer.

Société aux traditions patriarcales très ancrées, où un tiers des femmes subit du harcèlement, qui stigmatise les féministes et brime leurs mobilisations militantes, interdit les queues de cheval aux collégiennes car elles "pourraient exciter les garçons" (véridique), et où l'on observait il y a trois ans encore une augmentation de 45 % des suicides de femmes...

Si écouter les victimes, hommes et femmes, est toujours nécessaire, bien des voix anonymes attendent encore beaucoup du Japon de ce côté-là...