"Déshabillez-vous" : le message body positive de ce kiné fait mouche

Publié le Mardi 21 Mai 2019
Louise  Col
Par Louise Col Journaliste
Le message touchant d'un kiné
Le message touchant d'un kiné
Dans un post Instagram bienveillant, le kinésithérapeute Grégoire Gibault lance un appel à l'acceptation de soi et à envoyer valser ses complexes.
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Grégoire Gibault est kinésithérapeute à Toulouse et chroniqueur sur France 3. Son métier ? Soigner les corps, les apaiser. Et les regarder sans préjugés, sans arrière-pensées, sans violence, avec bienveillance. C'est justement son expérience qui l'a poussé à partager un texte sur son compte Instagram "Major Mouvement" à ses 123 000 abonné·es, dans lequel il appelle à poser un regard plus doux sur notre physique et à le chérir.

"'Déshabillez-vous'"

La pudeur s'exprime, et le doute s'installe.
Je le vois dans leurs yeux.
'Est-ce normal ?'
Dévoiler ainsi son intimité n'est-il pas dangereux ?"


Le praticien fait référence à cette peur de se mettre nu et à nu, de dévoiler ces imperfections que nous pensons parfois monstrueuses. Entre les photos retouchées sur Instagram, les injonctions à la minceur et au grain de peau zéro défaut, ces diktats de la beauté qui oppressent et complexent, s'accepter n'est pas chose simple. Se dévoiler encore moins. Mais Grégoire Gibault rassure dans ce joli message touchant, accompagné d'une photo sur laquelle on le voit traiter une patiente.

"Et pourtant... s'ils savaient... J'ai vu des peaux brûlées puis taillées au scalpel,
J'ai vu du sang, des larmes et des selles.
J'ai vu des poils dépasser du maillot et des aisselles,
J'ai vu des couilles s'échapper et des lèvres à la pelle.

J'ai vu des escarres s'infecter et des moignons bouger,
J'ai vu du pus, de la lymphe et de l'urine séchée.
J'ai vu des vergetures et des sous-vêtements dépareillés,
J'ai vu des jambes paralysées et des mains sectionnées.

J'ai vu des protège-slips démesurés et des strings oubliés,
J'ai vu de la transpiration, de la bave et des glaires crachées.
J'ai vu des corps décharnés et des bourrelets assumés,
J'ai vu des visages arrachés et des seins mutilés."

Et le kiné de conclure :

"Et pourtant... s'ils savaient...
S'ils savaient comme j'aime voir ces corps s'exprimer,
Qu'importe qu'ils soient si loin des dogmes de la beauté...
Car la seule chose que je n'aime pas voir c'est un souffle s'arrêter.

Déshabillez-vous s'il vous plaît, j'ai juste besoin de vous examiner..."

 

Ce texte "body positive" a fait mouche sur Instagram : liké plus de 51 000 fois, le post de Grégoire Gibault a déclenché une avalanche de commentaires émus et reconnaissants.

"Juste, WOW. Parce que le nombre de fois que l'on s'est fait cette réflexion... Nous les femmes peut- être encore plus (ceci dit une fois l'accouchement passé, la pudeur trépasse). Mais merci de poser ces mots-là"

"Bonsoir ! Je suis sage femme, me permet tu d'imprimer ce texte et sa photo pour afficher dans ma salle d'attente pour que mes patientes arrêtent de s'excuser de n'être pas epilées, pas maquillées, trop grosses, trop maigres, trop de seins.... ?"

"J'admire le respect avec lequel tu parles de nos corps, et de cette pudeur qui s'en dégage, et aussi de nos complexes. Pour finalement banaliser cette réalité que sont nos corps, imparfaits mais parfaitement vivants! Merci."

A l'approche de l'été et des injonctions au "bikini body", les mots du kiné ont une résonance particulière. On met en pratique ?