La menace d'une pénurie de préservatifs pourrait s'avérer "désastreuse"

Publié le Mercredi 08 Avril 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Une pénurie de préservatifs menace et pourrait s'avérer "désastreuse", alerte l'ONU
Une pénurie de préservatifs menace et pourrait s'avérer "désastreuse", alerte l'ONU
Le coronavirus a engendré la paralysie de certains secteurs, et notamment celui de la fabrication de préservatifs. Une conséquence qui vient réduire considérablement leur production et inquiète l'ONU.
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Depuis quelques semaines, la plupart des pays du monde sont à l'arrêt, et près de la moitié des habitant·e·s de la planète obligé·e·s de rester à la maison. L'économie est ralentie, les déplacements restreints et les entreprises "non essentielles" priées de ne pas fonctionner. Des décisions dont on découvre au jour le jour les conséquences, parfois dans des domaines insoupçonnés.

En Malaisie par exemple, confinée depuis le 18 mars, le caoutchouc est la matière première. Le pays en est d'ailleurs l'un des premiers producteurs, comme de préservatifs, principalement conçus à partir de latex, dont le matériau dérive. Or l'entreprise Karex, qui produit un préservatif sur cinq dans le monde, avoue avoir été extrêmement touchée par les mesures prises pour endiguer l'épidémie. Ses trois usines ont été fermées, ce qui devrait provoquer une baisse de production de 200 millions de préservatifs par rapport à la normale, affirme l'AFP, entre mi-mars et mi-avril.

"Le monde va sans aucun doute faire face à une pénurie de préservatifs", alerte le responsable du géant malaisien. "C'est une inquiétude majeure, puisque les préservatifs sont un article sanitaire de première nécessité".

Une situation alarmante

"Alors même que nous combattons le Covid-19, il y a aussi d'autres problèmes que nous devons examiner", poursuit l'interlocuteur. Car Karex fournit des compagnies privées, mais aussi des gouvernements et des programmes humanitaires. De son côté, l'ONU tire la sonnette d'alarme : seulement 50 à 60% de ses livraisons habituelles de préservatifs ont pu être effectuées à cause du coronavirus. Les principales touchées restent les populations les plus pauvres et vulnérables, premières victimes en cas d'insuffisance.

"Une pénurie de préservatifs, ou de n'importe quel contraceptif, pourrait déboucher sur une hausse des grossesses non désirées, avec des conséquences désastreuses pour la santé et le bien-être d'adolescentes, de femmes et de leurs partenaires et familles", déplore un porte-parole du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) auprès de l'AFP.

Autres craintes : davantage d'avortements risqués et une augmentation des maladies sexuellement transmissibles, comme le VIH. Et face à la chute de l'offre, la demande décolle. En Inde par exemple, le début du confinement a aussi vu une hausse des ventes de préservatifs de 30 %.

Pour éviter le pire, la Chine propose d'exporter davantage. Premier touché, le pays est aussi le premier à entamer le processus de déconfinement. Et ses usines repartent de plus belle. HBM Protections, qui fabrique 1 milliard de préservatifs par an, veut tripler ses capacités de production d'ici fin 2020. En Malaisie, Karex a été autorisé à reprendre sa production, mais avec seulement la moitié de sa main d'oeuvre.