Pour un quart des femmes, le "cyberflashing" a empiré avec la pandémie

Publié le Vendredi 12 Novembre 2021
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Pour un quart des femmes, le "cyberflashing" a empiré avec la pandémie
Pour un quart des femmes, le "cyberflashing" a empiré avec la pandémie
La pandémie et les restrictions sanitaires ont vu se déployer nombreux fléaux relatifs à la sécurité des femmes. Notamment en ligne, où nombreuses ont été victimes de "cyberflashing", le fait de recevoir des nudes non sollicitées.
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Il s'agit d'une forme de harcèlement sexuel, ou d'exhibitionnisme 2.0. Le fait, pour une personne, d'envoyer une photo de ses parties intimes à un·e interlocuteur·rice (plus communément appelée dick pic lorsqu'il s'agit d'une image de pénis) pour laquelle iel n'a pas consenti. 70 % des femmes y ont d'ailleurs déjà été confrontées, d'après un sondage YouGov. Et le fléau ne serait pas en passe de s'arrêter.

En Angleterre et Pays de Galles, où cet acte n'est pas puni par la loi contrairement à la France ou l'Ecosse, l'application de rencontre Bumble vient de lancer une campagne de sensibilisation. Une initiative intitulée #DigitalFlashingIsFlashing (que l'on peut traduire par "l'exhibitionnisme digital est de l'exhibitionnisme") qui s'accompagne d'une enquête aux résultats édifiants.

En ressortent l'évident sentiment d'insécurité que les utilisatrices ressentent en ligne, et une revendication : que le cyberflashing soit reconnu, outre-Manche, comme une infraction pénale.

Des chiffres alarmants

Sur les 1 793 personnes interrogées, la moitié des femmes affirment ainsi avoir perdu confiance dans les autres sur les plateformes numériques (59 %), tandis qu'une femme sur quatre déclare s'être sentie violée en recevant de tels clichés. En outre, l'enquête a révélé que 95 % des femmes de moins de 44 ans pensent qu'il faut faire davantage pour mettre fin à l'envoi d'images de nudité non sollicitées en ligne. Davantage que de faire peser la responsabilité sur les entreprises, comme c'est le cas aujourd'hui.

Whitney Wolfe Herd, fondatrice et directrice générale de Bumble, constate : "Aujourd'hui plus que jamais, nous passons une partie considérable de notre vie en ligne et pourtant nous n'avons pas réussi à protéger les femmes dans ces espaces. Le cyberflashing est une forme de harcèlement implacable et quotidien qui provoque chez les victimes, principalement des femmes, un sentiment de détresse, de violation et de vulnérabilité sur l'ensemble de l'internet. Il est choquant qu'à notre époque, nous n'ayons pas de lois qui obligent les gens à rendre des comptes à ce sujet."

Des propos appuyés par Claire Barnett, directrice exécutive d'UN Women UK : "Le cyberflashing est un problème omniprésent qui, comme d'autres formes de harcèlement sexuel, cible et affecte les femmes et les filles de manière disproportionnée." A noter qu'un quart des répondantes affirment que le phénomène a empiré avec le Covid.

Elle poursuit : "Alors que nous nous remettons sur pied après la pandémie, nous avons une occasion unique de reconsidérer la façon dont nous utilisons et interagissons dans les espaces publics - en ligne et hors ligne. Les espaces numériques ne feront que prendre de plus en plus de place dans notre vie quotidienne. Pour le bien des générations futures, il est donc essentiel de prendre les choses en main dès maintenant, en proposant des solutions préventives et éducatives à la violence en ligne." Et qu'enfin, les femmes ne s'y sentent plus menacées.

Reste à ce que le gouvernement l'entende, et agisse concrètement.