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Du féminisme pour les nuls ? Cette star de "Barbie" réagit aux controverses

Publié le Jeudi 04 Janvier 2024
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Féministe ou arnaque ? Cette star de "Barbie" réagit à une controverse sur LE hit de 2023
America Ferrera. - Photocall de la soirée Ray Dolby Ballroom à Los Angeles, le 30 novembre 2023.
13 photos
Le film qui a cassé le box office en 2023 est-il un manifeste féministe réjouissant ou un gigantesque objet marketing ? Des mois après le phénomène "Barbenheimer", le public s'interroge. Et l'une des stars de prendre la parole...
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Avec ses 1,38 milliard de dollars récoltés au box office, Barbie a fait office de cataclysme, devenu le film le plus rentable de 2023 outre-atlantique. Un sacré exploit pour Greta Gerwig, future présidente du Festival de Cannes, que l'on connaissait davantage pour sa place au sein du cinéma indé US.

Mais malgré cela, l'énième preuve que Margot Robbie peut transcender n'importe quel rôle (même celui d'une poupée, oui) ne convainc pas tout le monde, loin s'en faut. Du côté des militantes pour l'égalité des sexes, on s'interroge toujours autant, des mois après le phénomène "Barbenheimer" : faut-voir en Barbie un manifeste féministe joliment irrévérencieux... Ou une grosse arnaque marketing d'un scandaleux simplisme ?

Controverse si rude qu'America Ferrera, l'une des stars du film, s'est récemment exprimée sur la chose. Et a décidé d'apaiser quelque peu les passions...

On l'écoute.

Le féminisme pour les nuls ?

Avec Barbie, Greta Gerwig n'a pas eu pour vocation de révolutionner le monde. Cependant, sa volonté d'intégrer à cette vaste publicité pour Mattel une critique frontale et très explicite du patriarcat, en employant une ironie qui n'est pas sans rappeler des classiques de la comédie américaine (Clueless, La revanche d'une blonde), est tout à son honneur. On ne s'attendait pas forcément à une telle véhémence dans le propos.

Le public non plus : à peine sorti, Barbie a suscité l'ire des machos, masculinistes, réacs aux idées courtes, commentateurs médiatiques toujours parés à décocher du "woke", "gauchiste", féminazie". De quoi rassurer les défenseurs de Barbie : si le film est tant détesté, notamment par les conservateurs américains, quelque part, c'est une excellente nouvelle. Cela veut dire que Greta Gerwig a touché la bonne corde !

Cependant, de l'autre côté, parmi les militantes féministes, les accusations de "feminism washing" pleuvent tout aussi rapidement. Le feminism washing, c'est l'idée d'un féminisme opportuniste, déployé à des fins purement mercantiles. Un engagement de facade, aussi vain qu'inoffensif. En ce sens, Barbie est clairement accusé de proposer du "féminisme pour les nuls". Mais est ce vraiment le cas du film de Greta Gerwig ?

America Ferrara a donc répondu : non. Dans les pages du prestigieux New York Times, l'actrice n'envisage pas du tout LE hit de 2023 comme une "simplification excessive" du féminisme. "Il y a beaucoup de gens qui ont besoin de ce féminisme-là, des générations entières de filles qui viennent juste d'arriver au monde et qui n'ont pas de mots pour décrire ce qu'elles ressentent et la culture dans laquelle elles ont pu grandir", assure-t-elle.

Et l'actrice de poursuivre : "Et puis, il y aussi des garçons et des hommes qui n'ont peut-être jamais consacré de temps à réfléchir à la théorie féministe... Si vous connaissez bien le féminisme, un film comme Barbie peut vous apparaître comme une simplification excessive, mais il y a carrément des pays entiers qui ont interdit ce film pour cette raison !"

Pour le coup, America Ferrara a raison. Rappelons qu'au Liban et au Koweït, la sortie de la comédie de Greta Gerwig a été purement et simplement annulée. Là-bas, le film fut accusé se faire la "promotion"... De l'homosexualité. On a pu le considérer d'ailleurs comme comme "de la propagande gay et transgenre". Dès sa sortie en salles, les termes de "propagande féministe" étaient sur les lèvres les moins avenantes. Une bonne raison de foncer en salles !

"Dire qu'un 'féminisme de base' n'est pas nécessaire reviendrait pour le coup à sombrer dans une simplification excessive. Supposer que tout le monde est au même niveau de connaissance et de compréhension de la condition féminine est une simplification excessive", assure encore America Ferrera.

Qui non seulement défend la dimension militante de ce divertissement comme on a pu le comprendre, mais aussi son utilité au sein de notre société pas si... Woke. Un débat qui est bien parti pour perdurer...