Des personnalités montent au créneau pour faire reconnaître le clitoris

Publié le Vendredi 08 Mars 2019
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
Un clitoris
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Le clitoris, seul organe humain dédié entièrement au plaisir, est absent des manuels scolaires. Une tribune signée par de nombreuses personnalités tente d'alerter sur "l'analphabétisme sexuel" à l'école.
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Parce qu'on n'acquiert sa liberté qu'en connaissant ses droits et son corps, des personnalités ont publié une tribune dans le journal Le Monde jeudi 7 mars pour dénoncer "l'analphabétisme sexuel".

Elle est à l'initiative de Bouchera Azzouz et Ouarda Sadoudi des Ateliers du féminisme, de Julia Pietri du Gang du Clito, et d'Axelle Jah Njiké, sexologue et administratrice du GAMS qui lutte contre l'excision.

Parmi les premier·ère signataires de cette tribune, on retrouve les chanteuses Angèle, Lio ou Clara Luciani, l'autrice de BD Pénélope Bagieu, les présentatrices Daphné Bürki et Karine Le Marchand, la médecin-cheffe de la Maison des femmes de Saint-Denis Ghada Hatem, les humoristes Guillaume Meurice et Elie Semoun mais aussi l'avocate militante Danielle Mérian.

Le clitoris est le seul organe humain entièrement dédié au plaisir. Les signataires entendent donc lutter pour "faire tomber un des bastions du patriarcat : celui de la non-reconnaissance du clitoris comme un organe du plaisir féminin, au même titre que le pénis est un organe du plaisir masculin."

Une méconnaissance totale de cet organe de plaisir

Dans leur texte, les signataires rappellent que selon le Haut Conseil à l'égalité, "un quart des filles de 15 ans ne savent pas qu'elles possèdent un clitoris, et 83 % d'entre elles ignorent sa fonction érogène. Pourtant, elles sont 53 % à savoir représenter le sexe masculin."

Alors ils et elles demandent des actions à Marlène Schiappa, secrétaire d'État à l'Égalité femmes et hommes et à Jean-Michel Blanquer ministre de l'Éducation d'agir.

En effet, aujourd'hui, il n'existe qu'un seul manuel de sciences de la vie et de la Terre (SVT) représentant cet organe féminin, celui des éditions Magnard : "Cette méconnaissance n'est pas surprenante. En France, le corps de la femme n'est jamais, ou très rarement, représenté intégralement et correctement par les outils éducatifs à disposition des enseignants."

Pour les auteur·trices de la tribune, "les sept autres éditeurs ont conservé leurs dessins erronés. Sur ces planches, on remarque que la vulve et la partie interne du clitoris ne sont jamais dessinées entièrement, alors que le clitoris mesure dix centimètres ! Seule la partie externe est représentée."

Un enjeu pour lutter contre l'excision


Alors les signataires lancent : "Nous devons lutter contre l'analphabétisme sexuel, c'est un enjeu d'égalité ! Le sexe de la femme n'est ni tabou ni honteux !"


Il est primordial pour la société de faire sortir le clitoris de l'ombre : "C'est une condition sine qua non d'égalité de traitement des deux sexes dans l'enseignement et, au-delà des aspects pratiques, cela a aussi des répercussions symboliques. Penser que le vagin est l'homologue du pénis, et non le clitoris, c'est se tromper au point de croire que les femmes sont dépourvues d'un organe de plaisir."

Les auteur·trices ajoutent : "La reconnaissance du clitoris permet donc de sortir de ce schéma sexuel dans lequel les femmes sont en situation de passivité ou de simple réactivité. Mettre sur un pied d'égalité les sexualités masculines et féminines, c'est lancer les bases d'une sexualité dans laquelle les deux partenaires, dans le cadre d'une relation hétérosexuelle, sont aussi importants l'un que l'autre et ont chacun leur mot à dire et où les femmes ne sont pas systématiquement reléguées à un rôle d'objet mais bien actrices de leur sexualité."

La reconnaissance du clitoris est aussi un enjeu pour la santé et la sécurité des femmes dans la lutte contre l'excision : "Reconnaître le clitoris comme un organe de plaisir à part entière, c'est aussi mesurer la portée des mutilations sexuelles dans la volonté de détruire le désir féminin."

Les signataires veulent donc alerter le gouvernement : "Nous leur demandons s'il est acceptable, au XXIe siècle, dans un gouvernement qui a fait de l'égalité femmes-hommes une grande cause nationale, que les élèves de France soient privés d'une éducation à la sexualité où clitoris et pénis sont enseignés à égalité, faisant des femmes et des hommes des êtres égaux en tout point."

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