It's Not A Bretzel, la campagne de street-art qui veut informer sur le clitoris

Publié le Mercredi 06 Mars 2019
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
It's Not A Bretzel, le mouvement qui lutte contre l'analphabétisme sexuel
It's Not A Bretzel, le mouvement qui lutte contre l'analphabétisme sexuel
Pour mettre fin à l'analphabétisme sexuel, le mouvement "It's Not A Bretzel" propose de recouvrir les murs d'affiches à l'effigie du clitoris. On a échangé avec Julia Pietri, sa créatrice, sur le but de la campagne et le manque crucial d'éducation autour du sexe féminin.
À lire aussi

Si vous commencez à voir apparaître des affiches colorées qui représentent un clitoris un peu partout dans vos quartiers, c'est l'occasion de célébrer deux bonnes nouvelles. La première : vous savez à quoi l'organe ressemble, et la deuxième : la révolution éducative autour du plaisir féminin est en marche.

It's Not A Bretzel, c'est le nom du mouvement initié par Julia Pietri (à l'origine du Gang du Clito, Merci Simone, et autrice du petit guide de masturbation féminine Au bout des doigts, auquel se sont joints d'autres entités, médias, ou encore personnes d'influence. Une campagne de street-art ludique qui veut que chacun·e imprime des affiches disponibles en ligne et les colle dans la rue.

Le but : éduquer les passant·es sur le clitoris en les questionnant sur ce que représente le design. (spoiler : ce n'est pas un bretzel, ni un alien, ni un emoji)

Pourquoi la rue ? Parce qu'il s'agit d'un espace pensé par et pour les hommes. Comme l'indique une infographie réalisée par le secrétariat d'Etat chargé de l'Egalité entres les hommes et les femmes, 75 % des budgets publics destinés aux loisirs des jeunes profitent aux garçons, 2 % des rues seulement portent des noms de femmes et 100 % des utilisatrices de transports en commun franciliens ont été victimes au moins une fois dans leur vie de harcèlement sexiste ou d'agressions. Un terrain qui se doit d'être conquis par les femmes, donc.

Une pétition destinée aux pouvoirs publics

Julia Pietri veut combattre "l'analphabétisme sexuel ambiant", comme elle nous l'explique, qui touche énormément les femmes, dont beaucoup ne connaissent pas leur propre corps : "Un quart des filles de 15 ans ne savent pas qu'elles ont un clitoris", rappelle-t-elle, "et 83% n'ont aucune idée qu'il s'agit d'une zone érogène". Des chiffres alarmants, qui en disent long sur le manque crucial d'éducation et d'information.

Si It's Not A Bretzel vise le 8 mars, la Journée internationale des droits des femmes, comme journée principale d'action, plusieurs participant·es ont déjà commencé à décorer les murs, et Julia et sa clique à tester leur attirail : "On a fait un micro-trottoir récemment et sur dix personnes interrogées, aucune ne savait de quoi il s'agissait. On nous a même demandé si c'était un microbe", affirme-t-elle. Elle est toutefois heureuse de l'engouement des gens : "Ils et elles s'éduquent, sont content·es d'apprendre, peu importe l'âge et le sexe".

Au-delà de l'affichage sauvage et nécessaire, It's Not A Bretzel lance aussi une pétition en ligne, accompagnée d'une tribune, qui vise à interpeller les pouvoirs publics sur l'absence de la représentation du clitoris dans les manuels scolaires, encore en 2019 : "La notion d'égalité homme-femme passe par l'éducation", insiste Julia. Une éducation scolaire et sexuelle essentielle pour démocratiser le savoir, surtout quand on sait qu'aujourd'hui, seulement 1 livre de SVT sur 8 représente correctement le clitoris.