L'exécution de Melissa Lucio a été suspendue (et c'est déjà une victoire)

Publié le Mardi 26 Avril 2022
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Au Texas se poursuit l'affaire Melissa Lucio, condamnée à mort pour le meurtre de sa fille de deux ans, et ce malgré de nombreuses voix plaidant en sa faveur depuis des années déjà. Première victoire pour ses nombreux soutiens : son exécution vient d'être suspendue.
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Robert Badinter, Christiane Taubira, Kim Kardashian... Melissa Lucio compte de nombreux soutiens à travers le monde et pas des moindres. Cette femme hispanique devait être exécutée ce mercredi 27 avril pour le meurtre de sa fille de deux ans. Des faits qu'elle nie depuis des années, à l'unisson de nombreuses voix prenant sa défense. Un documentaire édifiant, L'État du Texas contre Melissa (2021) réalisé par Sabrina Van Tassel, a mis en avant le procès "expéditif" qui fut le sien.

Or, rebondissement ce lundi 25 avril : l'exécution de la mère de famille de 53 ans a finalement été annulée. Melissa Lucio a obtenu un sursis, au grand soulagement de ses soutiens qui ont toujours dénoncé, depuis sa condamnation en 2008, un procès "à charge" et "sans preuve".

L'ancienne ministre Christiane Taubira s'est même exprimée sur Twitter : "L'exécution de Melissa Lucio au Texas n'aura pas lieu. Comment l'écrire sans me noyer dans les larmes. D'angoisse et de joie. Un nouveau procès. La justice". Un pas en avant au sein d'une accablante affaire ?

Une affaire retentissante

"C'est un premier pas vers l'obtention d'un nouveau procès, mais cela ne signifie pas qu'un nouveau procès a été accordé", a cependant modéré l'une des avocates de Melissa Lucio, Vanessa Potkin, relève FranceInfo. C'est un élu républicain de son comité de soutien, Jeff Leach, qui aurait annoncé à l'accusée cette nouvelle décision de la cour d'appel, et l'éventualité de l'étude de nouvelles preuves scientifiques par un tribunal du Texas.

Des preuves, c'est ce dont l'affaire Melissa Lucio manque encore, de la voix de ses défenseurs. Ces derniers dénoncent notamment la violence d'un interrogatoire qui aurait duré plus de cinq heures. "Je n'ai pas cessé de dire que je n'avais pas fait de mal à ma fille. Les policiers étaient grossiers, brutaux. Ils n'arrêtaient pas de me menacer pour que j'avoue quelque chose que j'aurais été incapable de faire à mon enfant", a déclaré l'accusée.

Mais aussi, le fait qu'aucun des autres enfants de Melissa Lucio n'ait été entendu durant le procès, ni d'expert médical. Bien des voix alertent également quant au profil du procureur général du Texas à l'époque dudit procès, Armando Villalobos, qui sera par la suite condamné à 13 ans de prison pour "corruption", et menait à l'époque sa campagne de réélection, au sein de laquelle la peine de mort au Texas faisait office d'argument politique.

C'est désormais l'espoir d'un nouveau procès qui cristallise toutes les attentes. "Je suis reconnaissante à la cour de m'avoir donné la chance de vivre et de prouver mon innocence, d'avoir plus de jours pour être une mère pour mes enfants et une grand-mère pour mes petits-enfants", a déclaré auprès de la presse Melissa Lucio.