Société
Ce père égyptien a utilisé le coronavirus pour faire exciser ses filles
Publié le 11 juin 2020 à 13:16
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
En Égypte, entre 96 et 98% des femmes sont victimes de la mutilation génitale féminine. Aujourd'hui, un nouveau drame particulièrement sordide rappelle la prégnance des barbaries faites aux filles et aux femmes dans le pays.
Le fléau de l'excision perdure en Egypte Le fléau de l'excision perdure en Egypte© Adobe Stock
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C'est une nouvelle qui en dit long sur l'oppression que vivent des millions de femmes dès leur plus jeune âge, mais aussi sur la perpétuation de traditions barbares. En Egypte, un père de famille a incité ses trois filles mineures à se faire vacciner contre le coronavirus. Des vaccins en toc bien sûr : le médecin leur a administré une drogue afin de les endormir. Et dans leur sommeil, les trois enfants ont subi une excision, soit la vraie raison de cette "consultation".

C'est le journal britannique The Independent qui nous apprend cet effroyable "mensonge du coronavirus". Pour que ce scandale soit révélé et traité par la justice, il a fallu attendre que l'une des victimes, dont les parents sont divorcés, raconte cette éprouvante expérience à sa mère. Indignée, celle-ci en a immédiatement informé les autorités. Le parquet a ainsi "ordonné le renvoi d'un procès pénal urgent" pour juger le médecin et le père.

Rappelons que le gouvernement égyptien juge illégales les mutilations génitales faites aux filles et aux femmes au sein du pays, et ce depuis la criminalisation de l'excision votée il y quatre ans de cela. Et malgré tout, en Egypte, les horreurs de ce genre se poursuivent depuis 2016.

Un fait pas si "divers"

La preuve ? En début d'année encore, une Egyptienne de 12 ans est morte des suites d'une excision. Un drame qui a abouti à l'arrestation de ses parents et de sa tante. Ce n'est pas tout : une enquête du Fonds des Nations Unies pour l'enfance a démontré que 87% des femmes et des filles égyptiennes âgées de 15 à 49 ans avaient déjà subi des mutilations génitales féminines. Cette violence systémique et patriarcale plane donc encore sur la société égyptienne, qui ferait par ailleurs état du plus fort taux d'excisions pratiquées.

"En Égypte, entre 96 et 98% des femmes sont victimes de la mutilation sexuelle féminine. Soit 3600 fillettes par jour. Abolir la mutilation sexuelle féminine est une urgence absolue", avait déclaré en janvier dernier l'écrivaine franco-égyptienne et militante pour les droits des femmes Sérénade Chafik. L'urgence est à l'abolition, mais aussi à la justice. Alors que le père et criminel ayant fait subir à ses trois filles ces mutilations génitales est encore en attente d'un procès pénal, le médecin qui a pratiqué l'opération devrait quant à lui être renvoyé, sur décision du Parquet. Et risquerait jusqu'à sept ans d'emprisonnement.

Barbarie déguisée en tradition, l'excision génère son lot de traumatismes et de souffrances psychologiques, mais aussi d'infections chroniques, d'hémorragies, de problèmes menstruels, pour ne citer que cela. Au moins 200 millions de filles auraient subi des mutilations génitales féminines dans plus de 30 pays, malgré les alertes des associations et ONG aux quatre coins du globe. En Somalie par exemple, les mutilations génitales sur les jeunes filles ont augmenté pendant le confinement : des exciseuses, qui proposent leurs "services" au porte-à-porte, ont fait de ce crime une véritable activité de subsistance.

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