Faut-il s'appeler Thomas pour pouvoir faire de la mécanique ?

Publié le Lundi 05 Novembre 2018
Léa Drouelle
Par Léa Drouelle Journaliste
D'après une enquête dévoilée par la Fondation des Femmes lundi 5 novembre, les hommes ont 22% fois plus de chances que les femmes de décrocher un entretien pour des professions considérées comme "masculines".
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"Faut-il changer de sexe pour faire de la mécanique ?" Ce lundi 5 novembre, la Fondation des Femmes dévoile, avec le concours de l'Observatoire des discriminations de la Sorbonne, une enquête sur les discriminations sexistes à l'embauche au sein des professions dites "masculines".

Dans ce testing réalisé de mars à octobre 2018, l'association a envoyé plus de 900 candidatures factices en réponse à des offres d'emploi, dont 346 pour des postes de chauffeur·se-livreur·se, 370 de mécanicien·ne automobile et 186 de jardinier·e.

Le but de l'expérience est de déterminer si les recruteur·ses font une différence quand la personne qui postule s'appelle "Thomas" ou bien "Julie". L'enquête a montré que les hommes ont 22% fois plus d'opportunité de décrocher un entretien que les femmes pour un même poste, à compétences et expérience égales.

"Une barrière à l'intégration des femmes"

Pour le métier de chauffeur·se-livreu·se, l'écart se creuse à 34,2%. Ces recherches ont également démontré que les employeur·euses se montrent plus enclin·es à relancer les candidats masculins lorsqu'une proposition d'entretien reste lettre morte.

Comme le souligne la Fondation des Femmes, "on reproche souvent aux femmes de ne pas se positionner sur ces métiers". Or, cette étude prouve qu'il existe bel et bien une différence de traitement entre un candidat et une candidate pour l'envoi d'un CV similaire en réponse à la même offre d'emploi.

"C'est clairement une barrière à l'intégration des femmes dans certains métiers. Ce testing montre que ce n'est pas aux femmes de culpabiliser de ne pas y arriver, mais aux employeur·euses de respecter la loi", déplore l'association.

Poursuites judiciaires

Conformément à l'article L.1142-1 du Code du travail "nul ne peut refuser d'embaucher une personne en considération du sexe". La Fondation des Femmes annonce que la prochaine étape sera de lancer les poursuites judiciaires à l'encontre des entreprises qui pratiquent ce type de discrimination.

Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, souligne par ailleurs la nécessité d'organiser des sessions de formation et des sensibilisation sur ces questions. "Les femmes ont assez entendu de grands discours sur l'égalité, il faut que les choses changent dans la réalité !".