Pourquoi on file aux Journées du Matrimoine ce week-end

Publié le Vendredi 18 Septembre 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Toutes et tous aux Journées du Matrimoine !
Toutes et tous aux Journées du Matrimoine !
Compositrices et architectes emblématiques, figures révolutionnaires mises en lumière, succession de concerts, séances, expos, lectures et performances artistiques... Pour leur cinquième édition ces 19 et 20 septembre, les Journées du Matrimoine 2020 dévoilent un alléchant programme à Paris et en province.
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Et si on changeait un peu la donne ? Marre des si familières Journées du Patrimoine, place aux Journées du Matrimoine. Ces 19 et 20 septembre 2020, la cinquième édition de l'événement engagé visant à valoriser les femmes aura lieu à Paris et Montreuil, mais aussi en Normandie, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes et les Hauts-de-France. Féminisme, musique et réflexions culturelles, tout est là pour ravir les plus curieuses et curieux. On y court.

Le site lematrimoine.fr vous donnera une petite idée du programme. Quel est-il ? Découverte de la compositrice Louise Farrenc et de l'emblématique et indignée chanteuse Colette Magny, mais aussi hommage à la journaliste et défenseure des droits des femmes Hubertine Auclert... Un casting historique qui fait envie et sera incarné à grands coups de séances cinématographiques, de lectures publiques et de spectacles musicaux.

Le but de ces Journées du Matrimoine initiées par l'association HF Ile-de-France, lui, est toujours le même depuis cinq ans. C'est-à-dire ? Honorer la mémoire des créatrices, mais aussi la transmission de leurs oeuvres, faire de ce matrimoine un héritage commun, se réapproprier toute une culture pour mieux nous rappeler que l'égalité entre femmes et hommes "nécessite une valorisation de l'héritage des femmes", nous explique encore le site.

Derrière les compositrices, autrices et plasticiennes, une véritable lutte.

"On n'est pas des muses !"

Et au total, ce sont pas moins de 34 rendez-vous gratuits qui nous seront proposés à Paris et à Montreuil ce week-end, de l'espace des Femmes Antoinette Fouque à la Cinémathèque Française. Parmi toutes ces initiatives attendues, une visite de l'immeuble réalisé en 1930 par l'architecte pionnière Renée Bocsanyi-Bodecher (direction le huitième arrondissement), une découverte façon "performance dansée" de la designeuse irlandaise Eileen Gray (dans le huitième toujours), un panorama (en lectures s'il vous plaît) de militantes et autrices suédoises méconnues - séances qui auront lieu dans les cinquième et quatorzième arrondissements...

Mais aussi, dans le 6e arrondissement, une intrigante performance-spectacle pour faire découvrir aux petits et grands la vie passionnante de Louise Michel, cette essentielle révolutionnaire de l'histoire de France. Les slogans qui ponctuent ces événements le sont aussi, révolutionnaires : "On n'est pas des muses !", "Ruse et rébellion", "Une soif de liberté"... Une irrévérence salutaire.

Car comme le rappelle enfin la blogueuse et économiste engagée Natacha Rault, "le mot de matrimoine est central, il montre à quel point le langage est biaisé en faveur de la masculinisation qui est loin d'être neutre, car la notion de patrimoine fait référence à la transmission d'un héritage par le père et occulte tout ce qui peut être transmis par ce qui ne serait pas masculin". Mais aujourd'hui, plus question d'occulter !