Le numéro de téléphone à filer aux relous victime de son succès

Publié le Lundi 30 Octobre 2017
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Voici le numéro de téléphone à filer aux relous qui vous enquiquinent
Voici le numéro de téléphone à filer aux relous qui vous enquiquinent
Pour aider les femmes à se débarrasser des hommes un peu trop insistants qui leur demandent leur numéro de téléphone, deux militants féministes ont créé un faux numéro qui explique aux relous pourquoi leur comportement n'est pas tolérable. Lancé il y a trois jours, le numéro a été victime de son succès et a été désactivé en attendant de réunir les fonds suffisants pour son fonctionnement.
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Quand on est abordées par un homme dans la rue et que ce dernier nous demande avec insistance notre numéro de téléphone malgré notre refus, on a toutes été tentées de lui refiler un numéro au hasard pour nous débarrasser de lui.

Désormais, on pourra lui donner un numéro spécialement créé pour se débarrasser des harceleurs : le 06 44 64 90 21.

Créé par les militants féministes Clara Gonzales et Elliot Lepers, déjà à l'origine du projet Macholand, le numéro de téléphone vise à dépêtrer les femmes d'éventuels harceleurs qui refuseraient d'entendre leur refus. Mais ce n'est pas tout : il rappelle via un SMS à ces derniers ce qu'est la notion de consentement :

"Bonjour ! Si vous lisez ce message, c'est que vous avez mis une femme mal à l'aise. Avec vous, elle ne s'est pas sentie en sécurité. Ce n'est pas très compliqué : si une femme dit 'non', inutile d'insister. Apprenez à respecter la liberté des femmes et leurs décisions. Merci."

Faire de la pédagogie

Mis en service vendredi 27 octobre, le numéro anti-relous s'inspire d'une initiative similaire lancée par le site américain The Mary Sue. "Si on est dans la rue, dans un bar et qu'il y a un mec relou, pas dangereux mais qui est quand même insistant, et qu'on n'a pas envie de rentrer dans des explications sur le consentement, l'idée c'est qu'on lui donne ce numéro pour s'en débarrasser", a expliqué à France Info Clara Gonzales.

Il ne s'agit pas, donc, de laisser ce numéro à un homme qui peut se montrer violent ou dangereux, mais à ceux qui, par leur comportement, refusent d'entendre le non-consentement des femmes. Face à ces hommes pas vraiment dangereux mais juste collants, les femmes usent de nombreuses stratégies d'évitement, comme répondre laconiquement à leurs questions et sourire, même si elles n'ont qu'une seule envie : qu'on leur fiche la paix. Leur laisser ce faux numéro devrait les y aider.

"Donner ce numéro, ça peut-être une façon de se réapproprier son consentement : ce n'est rien de moins qu'une solution technique simple et rapide pour effectuer une action militante, sans se mettre en danger", analyse la militante pour MadmoiZelle.com.

Le numéro temporairement désactivé

"Faire de la pédagogie collective" : c'est donc le but du numéro lancé par les deux militants, qui ne s'attendaient pas à un tel succès. Sitôt mis en service, le 06 44 64 90 21 a été pris d'assaut par les utilisatrices. Toujours selon France Info, plus de 5 000 SMS ont été envoyés en l'espace de 48 heures. En cause, précise le site d'info, le nombre de curieux qui ont souhaité tester le dispositif. "On n'avait pas forcément anticipé un tel emballement", a reconnu dimanche 29 octobre Clara Gonzales. "Il se trouve que chaque message nous coûte 0,16 centimes d'euros. Et nous ne pouvons plus l'assumer aujourd'hui."

Désactivé temporairement dimanche matin, le numéro anti-relous est désormais dans l'attente de nouveaux fonds pour pouvoir continuer à émettre des SMS. Clara Gonzales et Elliot Lepers ont donc lancé une cagnotte en ligne. "Vous avez été plusieurs milliers à témoigner de votre intérêt pour ce projet de numéro anti-relous. C'est une super nouvelle, mais cela a un coût ! Chaque message traité avec ce service nous coûte 16 centimes : 0,0075 € pour le recevoir, puis deux fois 0,07627 € pour y répondre (puisque le message envoyé dépasse la limite des 140 caractères)", expliquent les deux militants, qui espèrent maintenir le service en ligne pendant au moins une année.