Meghan Markle retouchée en Une du "Time" : un mauvais message envoyé aux femmes ?

Publié le Vendredi 17 Septembre 2021
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Meghan Markle retouchée en Une du "Time" : un mauvais message envoyé aux femmes ?
Meghan Markle retouchée en Une du "Time" : un mauvais message envoyé aux femmes ?
Le prince Harry et Meghan Markle sont en Une du "Time" ce mois-ci. Une couverture qui a suscité des réactions mitigées, d'un point de vue esthétique et créatif, comme moral : le corps et visage ultra-retouchés de la duchesse envoient-ils un mauvais message aux femmes ?
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Meghan Markle est une fois de plus au coeur des débats, dans les tabloïds comme sur les réseaux sociaux. La raison : la couverture du très sérieux "Time", qu'elle partage avec son époux le prince Harry - le couple figure dans la liste des 100 personnalités les plus influentes au monde en 2021.

Dessus, on voit le duc et la duchesse de Sussex l'un derrière l'autre, regards face à l'objectif. Lui est vêtu d'une chemise noire et pantalon assorti, elle, d'une combinaison blanche. Mais ce n'est ni la simplicité de leurs tenues façon yin yang, ni leur posture un tantinet coincée, qui ont provoqué les moqueries et critiques des internautes.

Non, le véritable sujet discuté en ligne est plutôt, au-delà de douter de leur légitimité à faire partie du classement prestigieux, le fait que le cliché ait écopé de retouches visiblement excessives, et le message que de telles modifications envoient au public. Ou plutôt, aux jeunes filles et femmes qui s'identifient à Meghan Markle.

Florilège : "Le seul effort que l'on voit sur cette photo, c'est celui du type qui a photoshoppé deux photos pour n'en produire qu'une seule", "Doux Jésus, j'ai cru que c'était un compte parodique, ensuite j'ai vu que c'était le compte officiel", "Est-ce que Harry a mis une perruque ?" Ou l'art de poser les vraies questions.

Complexes et dysmorphie

Sur le plateau de l'émission britannique Jeremy Vine Show, c'est la journaliste de mode Lowri Turner qui a abordé les conséquences de ce visuel. "Je suis vraiment surprise qu'ils aient autorisé autant de retouches", entame-t-elle, assurant que Harry et Meghan ont dû "valider ces photos". "Je pense qu'il est vraiment important, en particulier pour les jeunes femmes, que les célébrités ne fassent pas autant de retouches", poursuit-elle.

Selon le London College of Contemporary Arts, les magazines qui définissent l'apparence que devraient avoir les femmes créent en effet un dangereux précédent qui conduit à la dépression et à la dysmorphie corporelle, rappelle l'Express. Et sans aucun doute, diffuser des représentations de visages et de corps de personnalités entièrement photoshoppés participe à créer complexes et doutes chez nombreuses.

Mais Meghan Markle en est-elle réellement responsable ? En 2016, si elle rappelait que "vous pouvez être une femme qui veut être belle et continuer à défendre l'égalité pour les femmes", elle s'exprimait sur le sujet des retouches d'une toute autre manière en 2017 auprès du magazine Allure.

L'actrice, qui témoignait du racisme subi au sein de la famille royale et affirmait qu'elle n'élèverait pas sa fille en lui disant qu'elle est "belle" il y a quelques mois, déplorait à l'époque : "Aujourd'hui encore, ma bête noire, c'est quand mon teint est modifié et que mes taches de rousseur sont effacées par Photoshop lors d'une séance de photos." Sur la couverture du Time pourtant, ses taches de rousseur ont disparu.

Serait-elle donc réellement à l'origine - ou du moins, derrière la validation - du résultat particulièrement retravaillé de la Une, sachant ses positions sur le sujet ? Les attaques les plus virulentes qui lui sont adressées traduisent-elles une inquiétude et une indignation sincères, ou le mal-être provoqué par les diktats de beauté ne serait-il, auprès de ses détracteurs, qu'une excuse pour se vautrer dans un nouveau cyberharcèlement ? Affaire à suivre.