C'est aux côtés de Marina de Van et Coralie Fargeat la reine du "body horror" version hexagonale.
Le body horror, c'est ce sous genre du cinéma d'horreur qui se caractérise par des chocs très graphiques, des déformations du corps, des métamorphoses terrifiantes, incluant divers fluides, souvent de manière viscérale. David Cronenberg en est le roi, et le Canadien a d'illustres héritiers... Et héritières. De Van donc (le trop oublié Dans ma peau), Coralie Fargeat (l'électrochoc The Substance avec Demi Moore) et tout naturellement... Julia Ducournau.
Applaudi pour son premier long métrage, Grave, sacrée par la Palme d'or pour son second, Titane, et aujourd'hui, particulièrement critiquée par la presse pour son troisième, Alpha. Un film qui laisse davantage de spectateurs sur le bord de la route vraisemblablement Sans empêcher cependant sa cinéaste de mettre les points sur les i.
Et de s'attaquer à de gros, gros clichés sexistes !
Une parole qui réjouit...Et a trait au cinéma d'horreur qui fait mal.
Le gore, le cracra, le trash, non féminins ?
Balivernes que ce raccourci sexiste, défend Julia Ducournau face à Pierre Lescure dans l'émission de cinéma Beau Geste.
La réalisatrice comme tant d'autres avant elle (Antonia Bird avec Vorace, Kathryn Bigelow avec Aux frontières de l'aube, Claire Denis avec Trouble Every Day...) défend une réappropriation du cinéma horrifique par les femmes cinéastes... Et tacle savamment quelques fâcheux stéréotypes.
Elle fustige : "Il y a toujours ce présupposé qui existe, qu'une femme doit être synonyme de douceur..."
"On a longtemps interdit aux femmes de s'exprimer violemment dans leur art... Parce que le cinéma était surtout l'apanage des hommes !", dénonce la réalisatrice dans sa prise de parole introspective. Cette violence qui fait films, Julia Ducournau a décidé d'en faire une esthétique, et un discours intime, artistique.
Et d'ajouter encore : "Comme si les femmes étaient forcément liées à la rondeur, à la sensibilité..."
Avec son approche certes métaphorique et réflexive de l'horreur, cependant clairement habitée par des fulgurances organiques, très visuelles, qui prennent aux tripes, Julia Ducournau s'amuse volontiers du genre, de ses codes, autant qu'elle bouscule un public masculin, en mettant en scène une féminité jamais fixe, jamais enfermée dans une case.
Une féminité mutante. Fière de l'être. Et violente. Subversive ?
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