Triste actualité pour Aya Nakamura.
Triste, et nécessaire cependant : victime d'un racisme systémique et virulent en ligne, l'interprète de Djadja qui avait enflammé la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris l'an dernier, se retrouve au tribunal. Précisions : ce sont certains de ses harceleurs, ayant multiplié injures à caractère raciste et menaces, qui s'y retrouvent jugés.
Et alors que ce feuilleton judicaire aux éléments particulièrement accablants révèle d'autant plus la haine qu'engendre la chanteuse, certaines vidéos critiques à son égard refont surface, telle cette analyse controversée d'un cinéaste et comédien connu pour son goût de la phrase choc et clivante...
Ce cinéaste, c'est naturellement Mathieu Kassovitz.
Sur TikTok notamment, une intervention de l'artiste aux Grandes Gueules, émission de RMC connue pour ses brèves de comptoir, se voit de nouveau relayée par les internautes, et notamment les fans de la chanteuse. On y découvre l'avis de Mathieu Kassovitz, grand érudit du rap s'il en est, concernant la reine des hits.
"Si elle fait ses chansons à elle, c’est super !... elle peut faire Edith Piaf aux Jeux Olympiques de Paris… mais écoutez du Edith Piaf les gars ! Edith Piaf, c’est une meuf toute seule au micro. Si Aya Nakamura elle nous sort ça ok, mais je ne l’ai jamais entendu chanter sans vocodeur ou sans ordinateur derrière elle", dénonce le réalisateur de La Haine.
Alors que La Haine justement s'est récemment retrouvée dans l'actualité, d'une part via l'anniversaire du film, qui célèbre ses années ses 30 ans, et dont la qualité a été ravivée lors de séquences au dernier Festival de Cannes (La Haine avait en 1995 était couronné du Prix de la Mise en Scène audit festival), d'autre part via le succès d'estime de son adaptation en comédie musicale...
Comédie musicale qui prend le pari de moderniser La Haine : la décliner à une époque ultracontemporaine où le rap, lui aussi, a changé. D'où l'étonnement de certains à voir Mathieu Kassovitz critiquer l'usage du vocoder, outil loin d'être rejeté par les plus grandes stars du rap actuel, dévoilant par par leur maniement sa richesse. Des icônes du "rap game" francophone d'ailleurs telles que Shay ne rejettent jamais l'emploi du vocoder afin de composer leurs univers musicaux et mélodiques.
Qu'à cela ne tienne, dans cette interview du mois de mars 2024, Kassovitz persistait et signait à l'adresse d'Aya Nakamura : "Je voudrais juste entendre une chanson où elle chante normalement quoi ! Mais j’adore ce qu’elle fait. Dans son domaine, je kiffe, ‘la pookie dans le sas’, y’a aucun problème."
Aya Nakamura est la chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde et cela en agace certains semble-t-il. Plus encore, la superstar de la musique est victime de ce que l'on appelle : la misogynoir. Autrement dit, tel que le terme est employé dans le féminisme intersectionnel, la "double peine" que subissent les femmes noires, entre racisme et sexisme.
Aya Nakamura, Yseult, ou encore Ebony, n'ont jamais hésité à fustiger cette double discrimination scandaleuse qui s'exprime de manière sonore sur les réseaux sociaux, où des raids de cyber harcèlement, massif et organisé, s'observent volontiers.
Aya Nakamura l'énonce sans détour sur ses réseaux sociaux, dans une publication datant de 2024 : "en tant que femme noire, j'ai pris pour toutes les autres !", fustigeant le fait de "salir le nom d'une femme noire, diffamer, écraser, insulter, invisibiliser..." et déplorant : "Je suis une renoi, je sais qu'il y a beaucoup de discrimination envers nous, mais avant d'être chanteuse je n'ai jamais eu de remarque sur mon physique. Jamais ! Ce n'est que quand j'ai commencé à être connue que j'ai eu des remarques"
"Je pense qu'en toute honnêteté, en tant que femme noire, j'ai pris pour tout le monde. Dans le sens où j'ai eu à faire à des discussions sur la caricature de la femme noire que les gens ont vu en moi. On a organisé le show, mais quand je voyais des trucs sur les réseaux sociaux, je me disais heureusement que je ne suis pas tombée sur tout car j'aurais pu insulter des mamans. J'ai déjà eu ma dose"
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