"Anxiété, dépression intense..."
Jennifer Lawrence donne toujours le la aux émotions viscérales. Il suffit pour s'en convaincre de voir (ou vivre) l'abrasif Mother ! (avec un point d'exclamation), la séance de torture psychologique vertigineuse signée Darren Aronofsky, allégorie faite femme d'une société chaotique où s'entremêlent souffrance, psychoses et métaphores.
De mal être justement il en est question quand on tend l'oreille vers l'actrice, revenue en état de grâce avec Die, my love, film en compétition à Cannes où elle côtoie son ami Robert Pattinson. Dans ce thriller dramatique, s'illustrent à la fois la star de Hunger Games et celle de Twilight, tous deux émancipés de leurs premiers rôles via d'admirables carrière respectives.
Mais c'est surtout le récit d'une femme et d'une mère, ce qu'est Jennifer Lawrence. Qui en interview est revenue sur un sujet rarement évoqué, un grand non-dit au centre de l'oeuvre : le post partum, et à travers lui la dépression post partum...
Justement au coeur de ce film qui génère d'exacerbées réactions !
"Femme plus qu’au bord de la crise de nerfs, Jennifer Lawrence est éblouissante et criante de vérité dans Die my love, dissection viscérale et déchirante de la dépression post partum. Chef d’œuvre !", se réjouit Mégane Choquet, journaliste chez Allociné, sur la Croisette. Un enjeu que Jennifer Lawrence s'approprie à bras le corps.
Le post-partum, c'est la période qui succède à l'accouchement, et d'une durée très variable, elle peut engendrer de vives émotions... Et une dépression, tout sauf rare : elle toucherait une femme sur six, selon un rapport de Santé publique France publié en septembre 2023. "Il n'y a rien de comparable au post-partum : anxiété, dépression intense...", témoigne aujourd'hui Jennifer Lawrence à Cannes.
La star revient sur son vécu, et c'est troublant de véracité...
"C'est extrêmement isolant le post partum", détaille encore Jennifer Lawrence au sujet du post partum, ce qui est très intéressant. La vérité, c'est qu'une anxiété et une dépression extrêmes sont isolantes, où que l'on soit. On se sent comme un étranger.", témoigne l'actrice. Qui a mis énormément d'elle dans ce rôle. Prix d'interprétation féminine à la clef ?
Voilà un sujet sur lequel l'on est régulièrement revenu sur Terrafemina.
Car il demeure au stade d'impensé.
"Le post partum, c'est la période "après l'accouchement. Il n'y a pas forcément de délais précis à ce titre. La dépression du post-partum est une dépression justement liée à l'accouchement. A noter qu'on peut aussi observer une dépression pré-partum, c'est à dire, qui précède l'accouchement" explique à Terrafemina Fanny Toussaint, voix éveillée sur cette thématique et sage femme érudite.
"On estime à 10 % les mères qui en ont déjà été sujettes, ce qui est énorme en vérité. Cela a toujours existé. Je pense qu'avant, on posait moins les mots sur ce problème, ou tout simplement, les femmes qui en souffrent n'en parlaient pas. La fatigue est très importante, elle vient chambouler le quotidien de la mère", relate encore notre interlocutrice.
"Le ressenti physique donc (la chute hormonale notamment), mais également la manière dont l'on se perçoit durant cette période, le fait de s'approprier un tout nouveau corps, tout cela joue forcément, concernant la santé mentale. On pourra aussi parler de "burn out maternel", étaye encore la sage femme à Terrafemina.
Post partum, burn out maternel, baby blues, s'associent en d'identiques maux, sous différentes formes...
"Le baby blues, qui est assez fréquent, partage avec la dépression post-partum le même sentiment de tristesse ressentie. Si tout semble "bien aller" en apparence, on peut pleurer, ne pas se sentir au mieux... Mais ce sentiment éprouvant s'arrête au bout d'un moment. Si cela dure plus d'une semaine, deux semaines, trois semaines, alors cela devient vraiment difficile à gérer pour la mère. Et même dangereux. Si ce mal-être persiste, on est plus dans le "baby blues" à proprement parler..."