





"On n'est jamais vieux à l'intérieur de soi-même"
Laure Adler poursuit ses tribunes indignées contre l'âgisme. Révoltée par la stigmatisation dont sont victimes les seniors, mais également les discriminations d'une société cultivant le culte de la Fontaine de Jouvence, la légendaire journaliste au visage familier des spectateurices historiques de France Télévisions comme des auditeurices de Radio Nova lève encore la voix.
Et c'est sur le plateau de C à vous que ça se passe.
Fièrement, l'oratrice épingle : "Je suis vieille, et je vous emmerde !"
A Anne Elisabeth Lemoine, vraisemblablement admirative du courage de sa consoeur, à retrouver ces derniers mois en vidéos sur les réseaux sociaux de France Inter, Laure Adler célèbre son engagement de tous les jours contre le sexisme "anti vieilles". Cette exclusion des "femmes invisibles", les quadras, quinquas, sexas, septas...
Vous savez, ce que dénonce avec fracas un film comme The Substance, cette claque horrifique cannoise.
Et la journaliste de révéler une anecdote très stimulante...
Effectivement, Laure Adler explique qu'elle refuse de s'asseoir lorsqu'on lui laisse une place dans le métro. Une recommandation mise en valeur à force signalétiques dans les indications des transports en commun - comme le fait d'accorder sa place à une femme enceinte, ou à une personne en situation de handicap.
Mais que la journaliste envoie valdinguer.
Précisant devant les caméras de France 5 : "On n'y pense pas, c'est le regard des autres qui vous fait vieux. Ce matin, on m'a laissé la place dans le métro. Mais j'ai refusé, c'est ça la révolte". Il y a naturellement une forme d'humour dans ce qualificatif, qui est surtout une réponse aux injonctions faites aux femmes "âgées".
Il y a quelques années déjà, l'espace d'une chronique particulièrement acerbe et incarnée accordée à "Libération", la journaliste dénonçait dans les pages du journal avec la verve féministe qui est sienne : "Nous, les vieux, on a la certitude qu'on décide à notre place de ce que et comment nous devons vivre !..."
"On nous met loin du coeur des cités pour ne pas déranger. Vieillir est synonyme de perte, perte de mémoire, perte de repères, perte de moyens, perte de vue, mais vieillir pourtant ce n'est pas courir à sa perte, ce n'est pas parce qu'on est vieux qu'on est bon à jeter à la benne aux ordures".
Face à ces pressions sociales, cette mise au ban, cette marginalisation souhaitée mais jamais avouée des personnes âgées, jugées invalides, Laure Adler institue un manifeste féministe et fédérateur.
Se réjouissant ainsi : "Vieillir, c'est être sauvage, en colère, passionné, ce n'est pas renoncer, devenir raisonnable, c'est ne plus attendre quoi que ce soit de ce que vous n'aimez pas et que vous avez tout de même fait parce que vous vous y sentiez obligé".