A Singapour, un utilisateur bisexuel d'Onlyfans risque la prison pour "obscénité"

Publié le Mercredi 06 Avril 2022
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
A Singapour, un utilisateur bisexuel d'Onlyfans risque la prison pour "obscénité"
A Singapour, un utilisateur bisexuel d'Onlyfans risque la prison pour "obscénité"
A Singapour, un jeune homme bisexuel opérant sur la plateforme OnlyFans risque aujourd'hui jusqu'à deux ans de prison. La raison ? Il aurait enfreint "des lois strictes sur l'obscénité".
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"Avoir enfreint des lois strictes sur l'obscénité en transmettant des images et des vidéos de ses parties intimes". Voilà la raison officielle pour laquelle aujourd'hui, Titus Low, jeune Singapourien bisexuel, risque jusqu'à deux ans de prison. Plus précisément, le vingtenaire opère sur la plateforme pour adultes Onlyfans. Il y est même une véritable "star", comme le relate le magazine en ligne d'informations Slate .

Pour rappel, Onlyfans est un réseau social aux contenus à caractère explicite, où des échanges se nouent entre utilisateurs/utilisatrices et créateurs/créatrices via un système d'abonnements. Une plateforme populaire mais qui ne semble guère plaire aux yeux des autorités de Singapour. Interrogé par la presse internationale, Titus Low, qui a fait l'objet de plusieurs chefs d'accusation s'est étonné de ce risque d'emprisonnement.

Et s'est exprimé dans les pages du Los Angeles Times après une première libération sous caution : "Je n'ai rien fait de mal. Peut-être que si j'avais blessé quelqu'un, je mériterais d'aller en prison. Mais ceci me semble injustifié". Le jeune homme assure encore avoir simplement partager du contenu intime "de façon tout à fait consensuelle et privée". Du contenu privé qui, cependant, aurait par la suite fuité sur la Toile...

Les droits des personnes LGBTQ menacés

Loin de s'arrêter aux chefs d'accusation, l'affaire Titus Low a suscité un débat à l'international. Car d'aucuns y voient le témoignage flagrant d'une certaine culture singapourienne restrictive en ce qui concerne l'inclusion des personnes queer. Ainsi Slate rappelle-t-il qu'au sein du pays "la liberté sexuelle, mais également les droits de la communauté LGBT+, sont fortement limités", de par le conservatisme d'une bonne partie de la population. Et ce malgré "une évolution des moeurs et une plus grande permissivité au sein de la société singapourienne".

Ainsi, ne serait-ce qu'en février dernier, la justice du pays décidait de maintenir une loi interdisant "les relations sexuelles entre hommes". Et ce malgré les vives protestations des associations et militants LGBTQ à travers le ays. Comme le relate le journal 20 Minutes , les juges de la Cour d'appel de Singapour ont estimé que les personnes concernées n'étaient pas "confrontées à une menace réelle et crédible". Médecin ayant protesté contre cette loi, Roy Tan a déclaré : "dans cette société les homosexuels sont toujours des criminels".

C'est notamment pour cela que bien des voix défendent désormais le cas du jeune créateur, comme celui, plus global, des travailleurs du sexe qui opèrent régulièrement sur OnlyFans et voient leurs droits et leur activité professionnelle désormais menacés. Ainsi certains créateurs et créatrices de contenus, poursuit Slate.fr, auraient déjà subi des "tentatives de chantage", les incitant à fermer leurs comptes.