L'écart fou des émissions de gaz à effet de serre entre "l'élite polluante" et les pauvres

Publié le Mercredi 02 Novembre 2022
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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Entre "l'élite polluante" et les plus pauvres subisterait un écart de production d'émissions de gaz à effet de serre tout simplement hallucinant. C'est ce que démontre un nouveau rapport accablant d'Autonomy.
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La crise climatique est une question profondément politique. Cela, les chiffres nous le rappellent volontiers. C'est d'ailleurs ce que démontre un nouveau rapport britannique d'Autonomy prenant en compte à la fois les données sur les revenus et la production de gaz à effet de serre de 1998 à 2018. Selon ces données, les 1 % de personnes gagnant le plus d'argent au Royaume-Uni seraient responsables de la même quantité d'émissions de dioxyde de carbone en une seule année que... les 10 % les plus pauvres sur plus de deux décennies. Accablant.

Ces 1 % en question désignent les personnes qui gagnent 170 000 livres (197 213 euros) ou plus par an, comme le rappelle le Guardian. C'est en somme ce que l'on appelle "l'élite polluante". Pour que les plus faibles revenus produisent leur équivalence en émissions de dioxyde de carbone, il faudrait carrément 26 ans.

"Ce nouveau rapport est choquant. À la veille du sommet sur le climat [Cop27] en Égypte, et face à une crise sans précédent du coût de la vie, il est clair que nous ne sommes pas tous dans le même bateau", a observé auprès du journal Peter Newell, professeur de relations internationales à l'Université du Sussex.

Comment combler l'écart ?

Comment agir pour combler ce gigantesque fossé ? Selon ce rapport, taxer les émissions de carbone des 1 % serait une solution recommandable. Si le Royaume-Uni avait commencé à taxer les émissions de carbone en question il y a deux décennies, 126 milliards de livres sterling (soit 146 milliards d'euros) auraient pu être levés jusqu'à aujourd'hui. De l'argent qui aurait pu servir à améliorer l'isolation des maisons des ménages les plus pauvres par exemple.

"L'énorme production d'émissions de carbone par les plus riches est stupéfiant. Notre analyse suggère que le moyen le plus efficace pour le gouvernement de lutter contre la crise climatique serait de taxer correctement les riches, grâce à un régime de taxe sur le carbone bien ciblé", développe à ce titre Will Stronge, directeur de recherche chez Autonomy, pour qui les taxes sur les activités les plus polluantes devraient cibler "uniquement les riches" et ne pas aggraver "la crise du coût de la vie pour la grande majorité des gens".

"Les mesures prises par la plupart des gens, comme éteindre les lumières pour économiser de l'énergie, ne feraient aucune différence si le gouvernement ne tenait pas compte du fait que ce sont les riches qui sont responsables de manière disproportionnée de la crise climatique", a encore affirmé le chercheur au Guardian.

Une solution qui pourrait permettre de lutter contre une crise à la fois écologique et économique ?