Pour cet archevêque espagnol, les femmes "désobéissantes" sont responsables des violences conjugales

Publié le Vendredi 08 Janvier 2016
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Pour cet archevêque espagnol, les femmes "désobéissantes" sont responsables des violences conjugales
Pour cet archevêque espagnol, les femmes "désobéissantes" sont responsables des violences conjugales
En Espagne, la polémique gronde depuis que l'archevêque de Tolède a déclaré dans un sermon que les femmes étaient responsables des violences machistes parce qu'elles demandaient le divorce.
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En Espagne, où 12,5% des femmes déclarent avoir déjà été victimes de violences physiques, psychologiques ou sexuelles de leur compagnon, c'est une déclaration qui passe mal. Dimanche 27 décembre 2015, l'archevêque de Tolède, Monseigneur Braulio Rodriguez Plaza, a profité d'une homélie donnée dans son diocèse pour donner son opinion sur les violences conjugales dont sont en majorité victimes les femmes. Pour l'homme d'Église, si les hommes auteurs de sévices sont à blâmer, les femmes qui prennent les coups sont tout aussi coupables.
Leur tort ? Avoir osé "désobéir" à leur conjoint en réclamant le divorce.

Le sermon de Mgr Braulio Rodriguez Plaza est disponible dans son intégralité sur le site Internet du diocèse. Voici ce que l'on peut y lire :

L'extrait du sermon de l'archevêque de Tolède
L'extrait du sermon de l'archevêque de Tolède

"La majorité des femmes qui meurent, décèdent à cause de leur mari qui ne les acceptent pas, les rejettent car elles n'acceptent peut-être pas leurs exigences ; ou à cause d'une ancienne histoire d'amour qui rend la cohabitation difficile. Souvent, ces réactions machistes surviennent parce qu'elles ont demandé une séparation. On nous dit que les femmes menacées peuvent désormais le dire et qu'il est possible de prévenir la criminalité avec de nouveaux mécanismes d'alerte. Mais le grave problème, c'est que ces couples ne sont pas unis par un vrai mariage. Laissons de côté la bagatelle qui brouille "l'idéologie du genre". Quand je dis qu'ils ne sont pas unis par un vrai mariage, je ne pense pas seulement au mariage canonique, mais aussi l'union civile, par un représentant de l'État. J'exclue tous les autres types de liens affectifs, où presque la seule chose qui les unit est l'utilisation physique de leurs organes génitaux et rien d'autre."


Résumons. Pour l'archevêque de Tolède donc, si des femmes meurent sous les coups de leur mari et ont à subir des "réactions machistes", c'est parce qu'elles ont osé envisager une séparation. Mais attention, ces violences domestiques ne surviennent que dans les couples non-mariés et coupables de relations sexuelles hors-mariage. Quant aux femmes mariées, dieu soit loué, elles n'ont jamais à subir les assauts d'un conjoint violent.

Les propos aussi idiots qu'abjects de Mgr Braulio Rodriguez Plaza n'ont pas tardé de provoquer l'indignation. Sur Twitter, nombreux sont les internautes à avoir fustigé une sortie d'un autre âge et indigne d'un représentant religieux.

"L'archevêque de Tolède relie la violence domestique au fait que la femme demande le divorce. Cela ne devrait pas être dans l'autre sens, d'abord la violence et ensuite le divorce ?" s'interroge l'universitaire et chroniqueur pour le HuffPost Espagne Raúl Fernández Jódar.

"Un autre archevêque qui justifie l'injustifiable", écrit quant à lui le journaliste Paco Alonso.
Contacté par le Huffington Post , le bureau de l'archevêque n'a pour le moment pas répondu à la sollicitation d'interview. Quant au Père Thomas Rosica, un porte-parole de langue anglais au Vativan, il a refusé de commenter la sortie de Mgr Rodriguez Plaza.

Les commentaires de l'archevêque interviennent après que la police espagnole eut révélé qu'une femme de 43 ans résidant à Madrid était devenue la première victime de violence domestique à décéder sous les coups de son compagnon dans le pays en 2016. Selon El País, 56 femmes ont été tuées l'an dernier dans le cadre de violences domestiques.