Face au boom des empoisonnements à la seringue, les nightclubeuses britanniques ripostent

Publié le Lundi 25 Octobre 2021
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Les nightclubeuses britanniques ripostent à l'"épidémie" d'empoisonnement à la seringue
Les nightclubeuses britanniques ripostent à l'"épidémie" d'empoisonnement à la seringue
Dans les boîtes de nuit britanniques, de nombreuses jeunes femmes ont témoigné avoir été empoisonnées. Les agresseurs utilisent un procédé particulier : ils administrent une dose par seringue. Un fléau devenu si fréquent qu'il prend des airs de terrible épidémie.
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Depuis le 4 septembre, la police du comté de Nottingham a recensé 44 cas d'empoisonnements, dont 15 par "piqûres au moyen d'un objet pointu, par opposition à la méthode traditionnelle des boissons alcoolisées contaminées". Une "épidémie", comme le qualifie le journal britannique The Week qui rapporte des témoignages accablants de jeunes femmes victimes de ce fléau.

Celui de Zara Owen, notamment, une étudiante de 19 ans, qui a écrit sur Instagram qu'après une soirée dans un club nommé le Pryzm, elle s'est réveillée avec une "douleur aiguë et angoissante" dans la jambe et "aucun souvenir" de la soirée précédente. "J'ai touché la partie [de ma jambe] où j'avais le plus mal et j'ai trouvé une piqûre d'épingle. J'avais été piquée", confie-t-elle, ajoutant qu'elle portait un jean et qu'"une aiguille a traversé le denim épais directement dans ma jambe".

Ou encore, Sarah Buckle, elle aussi 19 ans. Cette fois, c'est à la BBC Radio Nottingham que la jeune femme a raconté son expérience. Elle a ainsi déclaré qu'elle avait dû passer un test d'hépatite après qu'une piqûre de seringue ait été trouvée sur sa main. "De nombreuses personnes m'ont contactée en me disant essentiellement : 'Cela m'est arrivé la semaine [précédente]', mais je pensais que je devenais folle parce que je n'en avais pas entendu parler", précisait-elle.

Boycott et pétition

Pour faire face à ces agressions répétées, le collectif Girls Night In, présent dans une trentaine de villes, appelle au boycott des établissements nocturnes ce mercredi 27, à quelques jours d'Halloween, pour alerter et pousser à ce qu'ils mettent tout en oeuvre pour rendre ces lieux sûrs pour les femmes.

Hannah Thompson, ancienne étudiante de Glasgow, a elle aussi souhaité agir, en lançant notamment une pétition pour que les boîtes de nuit soient légalement tenues de fouiller minutieusement leurs clients à l'entrée afin "d'empêcher les armes et autres objets dangereux de pénétrer dans l'établissement". Celle-ci a atteint les 150 000 signatures, ce qui, dans le droit britannique, implique qu'elle fera l'objet d'un débat devant le Parlement. En réponse, la ministre de l'Intérieur Priti Patel a pressé la police d'agir urgemment suite à la recrudescence de ces cas.

Sue Fish, ancienne cheffe de la police du comté de Nottingham, qui défend depuis longtemps les droits des femmes, s'est de son côté avouée particulièrement "choquée" de ces événements, auprès du New York Times. Et d'épingler celles et ceux qui encourageraient les femmes à être "prudentes" : "Les femmes ont toujours fait toutes ces choses pour se protéger alors qu'en réalité, c'est le comportement des hommes qui doit changer".