La qualité du sperme décline et ça ne va pas s'arranger

Publié le Mardi 15 Novembre 2022
Maïlis Rey-Bethbeder
Par Maïlis Rey-Bethbeder Rédactrice
Maïlis Rey-Bethbeder aime écrire, le café, traîner sur les réseaux sociaux et écouter de la musique. Sa mission : mettre en lumière les profils, les engagements et les débats qui agitent notre société.
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Une étude établit une chute rapide et conséquente de la concentration des spermatozoïdes chez l'homme au niveau mondial. En cause ? La pollution et les modes de vie.
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Ce 15 novembre, l'ONU a annoncé que la Terre venait de passer la barre des 8 milliards d'habitants. Tout en précisant : "Alors que la population mondiale aura mis 12 ans pour passer de 7 à 8 milliards, il lui faudra environ 15 ans – jusqu'en 2037 – pour atteindre les 9 milliards." La raison ? Un ralentissement démographique multifactoriel.

Au niveau mondial, le taux de fécondité est en effet en baisse : en 2020, il est de 2,39 enfants par femme alors qu'il était de 4,98 enfants par femme en 1960, selon la Banque mondiale. Cette affaissement s'explique, entre autres, par l'accès à des moyens de contraception et à l'avortement, et, dans une certaine mesure, de choix orientés par des considérations écologiques. Mais pas seulement.

Au fil des années, de nombreuses études se sont attachées à démontrer que la fertilité des hommes et des femmes déclinait. Des travaux parus ce 15 novembre dans la revue Human Reproduction Update constatent ainsi que cette baisse de la fertilité s'accélère chez les hommes au niveau mondial. Globalement, la concentration de spermatozoïdes chute drastiquement, ce qui constitue une réelle inquiétude quant à la manière de faire face au vieillissement annoncé de la population mondiale.

Comment expliquer cette chute ? Les causes sont multiples et étudiées depuis environ une vingtaine d'années, rapporte Le Monde. Ainsi le tabagisme, la sédentarité et l'alimentation sont pointés du doigt, ainsi que la pollution atmosphérique, les médicaments, ou encore les plastifiants et les pesticides.

"La France ne fait pas exception"

En s'appuyant sur plusieurs centaines d'études portant sur la période 1973-2018 et réalisées dans plus d'une cinquantaine de pays, les épidémiologistes à l'origine de la parution dans Human Reproduction Update ont constaté qu'au cours de ces 45 années, la concentration moyenne de gamètes dans le sperme de la population masculine générale est passée de 101 millions par millilitre (M/ml)... à 49 M/ml.

"Les données suggèrent que ce déclin mondial se poursuit au 21e siècle à un rythme accéléré. Des recherches sur les causes de ce déclin continu et des actions visant à prévenir de nouvelles perturbations de la santé reproductive masculine sont nécessaires de toute urgence", alertent les auteurs de l'étude, qui assurent "fournir des preuves solides, pour la première fois, d'une baisse du nombre de spermatozoïdes chez les hommes d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale, d'Asie et d'Afrique".

"La France ne fait pas exception", souligne l'épidémiologistes et co-auteur de ces travaux Hagai Levine cité par Le Monde. "En France, grâce à la disponibilité de données de bonne qualité, nous avons la certitude qu'il y a un déclin fort et durable, comme ailleurs dans le monde."

Et de conclure : "Nous espérons que les nouvelles preuves fournies ici retiendront l'attention non seulement des cliniciens et des scientifiques, mais aussi des décideurs et du grand public".