"Je vis l'enfer" : Selah Sue brise le tabou de la dépression (et c'est important)

Publié le Vendredi 19 Août 2022
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Les publications sans filtre de Selah Sue ont ému la Toile. Sur ses réseaux sociaux, la chanteuse nous partage la dépression dont elle souffre. Une manière de briser le tabou.
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On le sait, les stars aussi souffrent d'anxiété, savent très bien ce que sont la dépression et les crises de panique. Leurs paroles très médiatisée confèrent de la résonnance aux enjeux de santé mentale, bien trop souvent incompris et mésestimés. C'est le cas des publications de Selah Sue, qui a récemment ravi auditeurs et auditrices avec son single "Pills".

La chanteuse trentenaire a décidé de partager sur ses réseaux sociaux son quotidien en tant que personne souffrant de dépression. Un acte courageux. Sur les photos qui émaillent de ces publications Facebook très remarquées, on la voit notamment sourire puis, l'instant d'après... fondre en larmes.

Comme pour témoigner de l'ascenseur émotionnel constant que représentent ses derniers mois, entre dépression et antidépresseurs. Mais c'est aussi en mots que la Belge a décidé de détailler cette sombre période personnelle. Et ce, sans le moindre détour. Une initiative que l'on ne peut que saluer et qui a été abondamment commentée.

"Je vis l'enfer"

D'un post à l'autre, Selah Sue détaille minutieusement ce qu'elle vit. "Je vis l'enfer. Jetée dans des sautes d'humeur atroces", témoigne-t-elle sur ses réseaux sociaux. La chanteuse relate également sa relation tortueuse avec les antidépresseurs, qu'elle a plusieurs fois arrêté de consommer, avant de "replonger". Allers-retours nébuleux qui ont engendré une "obscurité surpuissante" imprégnée de "douleur", prégnante, ainsi qu'une grande fatigue.

"Les premiers mois sans antidépresseurs étaient magnifiques. J'ai tout vécu dix fois plus intensément et j'ai apprécié des hauts créatifs et émotionnels sans pareil. Mais après environ six mois, l'obscurité s'est glissée à nouveau, totalement à l'improviste et sans raison apparente", poursuit l'artiste en ce sens. Dès lors, Selah Sue confie s'être réveillée "avec une terreur inexplicable, catapultée du paradis à l'enfer en quelques semaines".

Pour elle, il importe désormais de s'exprimer, même si, de ses propres mots, "c'est le post le plus douloureux qui soit". Relayer ce quotidien engendre un certain réconfort pour la chanteuse et surtout, un message évident adressé aux personnes concernées : vous n'êtes pas seules.

"Brisez le tabou sur la souffrance mentale !"

C'est ce qu'ont bien compris ses nombreux fans d'ailleurs. L'espace commentaires fourmille de messages de soutien : "Sans traitement ou même avec, les angoisses se glissent partout pour nous empêcher de faire des choses basiques ou plus compliquées. Si on succombe, c'est l'enfer et l'enfermement dans tous les sens du terme", "Courage", "Reste forte. Tu n'es pas seule. Nous, les gens qui sommes ensemble dans les ténèbres, savons ce que c'est et à quel point cela peut être puissant et écrasant".

Selah Sue brise le tabou de la dépression (et c'est important)
Selah Sue brise le tabou de la dépression (et c'est important)

La principale concernée d'ailleurs ne dit pas autre chose quand elle l'affirme : "Je voudrais répéter ceci : brisez le tabou sur la souffrance mentale, la plupart d'entre nous le vivront tôt ou tard. Si c'est le cas, entourez-vous de gens, parlez-en. Cherchez activement la connexion et l'aide. Il y a toujours de l'espoir". Malgré ce qu'elle a vécu, Selah Sue insiste : il faut toujours croire en l'après lorsque l'on traverse "une période difficile".

A l'instar de Selah Sue, de plus en plus de personnalités féminines partagent leur expérience douloureuse de la dépression. C'est notamment le cas de la star Katy Perry, confessant : "J'étais cliniquement déprimée à une période et je ne savais pas ce qu'était ma vie, et ce qu'elle pourrait être - je ne pouvais même pas vraiment imaginer vivre, pour être honnête".

On se rappelle également des mots de Billie Eilish, narrant sa phase d'anxiété, sa dépression et même ses idées les plus noires. "Un jour, j'étais seule dans mon hôtel, et je me souviens qu'il y avait une fenêtre juste là. Je me rappelle avoir pleuré car je pensais à la façon dont... j'allais mourir", a relaté la jeune chanteuse. Pour Billie Eilish comme pour bien des artistes de la nouvelle génération, la santé mentale est un sujet crucial.

De plus en plus de stars à l'unisson témoignent de leur dépression. Comme Billie Eilish...
De plus en plus de stars à l'unisson témoignent de leur dépression. Comme Billie Eilish...

Aujourd'hui, Selah Sue rassure, sur Facebook toujours : "Je suis en train de trouver un peu d'équilibre". C'est tout le bien qu'on lui souhaite. Gageons que sa parole a encouragé l'expression de ces enjeux qui importent. Car l'on parle bien d'un tabou. Une étude récente a ainsi révélé que plus de la moitié des femmes souffrant de symptômes de dépression mettaient en moyenne un an à prendre rendez-vous auprès d'un·e psy.

"2 femmes sur 3 souffrant de dépression ou d'anxiété déclarent avoir atteint ou être sur le point d'atteindre le point de rupture en ce qui concerne leur santé mentale. Et parallèlement, 4 sur 10 n'ont pas encore consulté au moment de l'enquête. Les femmes attendent plus d'un an, plus longtemps qu'elles ne le devraient, pour obtenir le traitement de santé mentale dont elles ont besoin", observe à ce titre la professeure Rachel Earls.

Un chiffre inquiétant.