Le sexisme s'incruste même sur les instructions de lavage des vêtements

Publié le Jeudi 06 Janvier 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Le sexisme s'incruste même sur les instructions de lavage des vêtements
Le sexisme s'incruste même sur les instructions de lavage des vêtements
Sur TikTok, une jeune femme expose les consignes inscrites sur les étiquettes de lavage de vêtements de prêt-à-porter. Et surtout, le sexisme dégoulinant qui sert de ressort comique.
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"Si le lavage devient tout à fait nécessaire, confiez cette tâche à votre maman ou à votre copine, puis allez faire du skate", "Instructions de lavage : donnez ce pull à votre femme, c'est son boulot", "Le linge sale maintient les femmes occupées".

Ces commentaires hallucinants, c'est Millie Lusson, internaute sur TikTok, qui les recense dans une vidéo publiée fin 2021 et vue plus de 900 000 fois. Et contrairement à ce qu'on pourrait croire, elle ne les a pas dénichés sur des forums réacs, mais sur les étiquettes de vêtements de grandes marques de prêt-à-porter.

Respectivement Rip N Dip, label de streetwear américain populaire, Salvo, ou Enjoi, qui vend des fringues de skate. Dernière perle : la marque italienne Block Eleven qui lance simplement : "Donnez-le à votre meuf". Révoltant et malheureusement, bien réel.

"Inacceptable et misogyne"

Outrée par ce qu'elle a découvert, la jeune femme a, à juste titre, vivement critiqué ces messages réducteurs. En commentaire en revanche, nombreux sont ceux qui les défendent, avançant que "les étiquettes étaient censées être prises pour des plaisanteries" ou encore que plusieurs "remontent à il y a plus de six ans".

Des arguments que Millie Lusson démontent en rappelant d'une part que "certaines datent de 2018" et de l'autre que, à cette époque comme il y a 6 ans, ce genre de propos réducteurs et insultants était tout autant "inacceptable et misogyne".

D'ailleurs, elle appelle celles et ceux qui tombent sur sa vidéo à regarder plus en détail leurs vêtements, et ajoute qu'il y a des chances pour que ces dernier·e·s "possèdent certains dont les étiquettes comportent de tels mots".

Une indignation légitime qui n'est pas sans rappeler le texte d'Ellen Wallwork, chroniqueuse du Huffington Post qui, en 2018, avait dénoncé les blagues misogynes de la marque de vêtements de ski Planks Clothes, rappelle Courrier International. Et de déplorer : "Nous pensions qu'il était révolu, le temps des plaisanteries sexistes à propos du linge qui est le boulot de maman et des hommes incapables d'utiliser une machine à laver, mais apparemment certains n'ont pas évolué."

2022 sera-t-elle l'année où le marketing saura enfin s'affranchir d'une narration oppressante pour bouger - on l'espère - avec la société ? On peut toujours croiser les doigts.