Les drôles de conséquences du déconfinement sur la sexualité des célibataires

Publié le Lundi 20 Juillet 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Après le confinement, la vie sexuelle redémarre doucement pour les célibataires
Après le confinement, la vie sexuelle redémarre doucement pour les célibataires
On aurait pu croire que les confiné·e·s solo se réjouissent du déconfinement comme d'une occasion de faire des rencontres, et l'amour : pas du tout. D'après une étude, la crainte du virus joue sur leur envie de sexe - et donne naissance à une stigmatisation nocive.
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Les chiffres viennent de tomber : les Français·e·s n'ont pas sauté sur l'occasion de leurs libertés retrouvées pour prendre leur pied au pieu depuis le déconfinement. C'est même tout l'inverse : 90 % ont déclaré être en quête d'un·e seul·e partenaire pour établir une relation stable plutôt que de "multiplier les partenaires sexuels pour rattraper le temps perdu", estime une étude réalisée par l'Ifop, pour Pornhub, auprès de 3000 personnes.

"La phase de déconfinement n'a pas poussé les célibataires français à la 'boulimie de sexe' et de partenaires qu'aurait pu susciter le besoin de rattraper les mois de 'disette sexuelle' imposée par le confinement", constate en ce sens François Kraus, directeur du pôle "Genre, sexualités et santé sexuelle" de l'Ifop, après analyse des résultats. "Au contraire, la tendance semble plutôt être à la prudence et à un désir plus large de sécurité affective et sexuelle", poussés par le manque de contact avec les autres que la crise à causé.

"Produit de l'isolement affectif vécu durant deux mois puis du maintien des règles de distanciation physique qui incitent à une sélection plus stricte de ses partenaires et à une sexualisation plus lente des relations, ce besoin de monogamie dénote à l'heure où la tendance semblait être plutôt à la banalisation de la culture du coup d'un soir (hookup culture), notamment durant une période estivale généralement plus propice aux rencontres occasionnelles", relève l'expert.

Ainsi, seulement 33 % des personnes interrogées affirment avoir eu un rapport dans le mois qui a suivi la quarantaine, contre 44 % dans les 30 jours pré-confinement. En cause, la difficulté à faire des rencontres lorsque les lieux principaux (bars, boîtes, restaurants) n'avaient pas encore rouvert leurs portes. Et dans beaucoup de cas, un climat oppressant : pour 51 % des femmes âgées de moins de 35 ans estiment que "les hommes sont plus enclins qu'avant à importuner une femme dans les lieux publics". Mais ce n'est pas tout.

Une stigmatisation nocive

Une baisse significative, qui se traduirait aussi par une crainte de l'autre, en pleine crise sanitaire. La peur d'être infectée par le coronavirus a déjà empêché près d'une célibataire sur deux de fréquenter un lieu où elle aurait pu rencontrer des potentiels partenaires (43%) ou d'embrasser quelqu'un qui lui plaisait (45%).

Sur celles et ceux qui ont repris une activité sexuelle post-confinement, seulement 5,6 % d'entre eux et elles se sont aventuré·e·s avec un·e inconnu·e. Les autres ont préféré retrouver quelqu'un avec qui ils et elles avaient déjà couché, ou qu'ils et elles connaissaient d'avant.

Le Covid-19 fait flipper, jusque sous les draps. Et pire encore : il est le terrain de nouveaux stigmates.

"59% de célibataires refuseraient d'avoir un rapport sexuel avec une personne susceptible d'être exposée au virus (ex : professionnels de santé...) et 58% refusent catégoriquement une relation avec un individu qui a été infecté par le Covid-19", poursuit le rapport. "Un rejet massif qui n'est pas sans rappeler la stigmatisation des malades du VIH dans les 'années SIDA'", déplore François Kraus. Inquiétant.