Filmé frappant une femme dans le métro parisien, l'agresseur est placé en garde à vue

Publié le Jeudi 30 Janvier 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Un homme filmé frappant une femme dans le métro parisien en garde à vue
Un homme filmé frappant une femme dans le métro parisien en garde à vue
Sur la vidéo, on voit l'agresseur insulter violemment une jeune femme dans les transports parisiens avant de la gifler. L'homme a été livré aux autorités et placé en garde à vue ce mercredi 28 janvier.
À lire aussi

La scène de cette vidéo de 34 secondes tournée par un passager ce mardi 28 janvier est révoltante. On y voit un homme agresser violemment une jeune femme dans le métro parisien, sur la ligne 9 précisément, entre les stations de Ranelagh et La Muette. Il l'approche d'abord en proférant des insultes, tourne autour d'elle pendant que son voisin essaye de l'éloigner. La jeune femme, qui semble ne pas connaître l'agresseur, tente de l'ignorer, mais il continue : "Vas-y ferme ta bouche, j'te pète en deux", lance-t-il à son visage, avant de partir puis de revenir sur ses pas.

"Arrête de m'emmerder. Me regarde pas bizarre, surtout. Moi je t'violemment... Je te connais pas. Je vais tellement te déserter la tête la prochaine fois, je vais tellement te faire du mal. Tu vas tellement souffrir. Tu vas devoir fermer ta bouche wallah. Tu vas plus rigoler."

Et puis, le geste. Il la frappe violemment au visage. Une gifle qui déclenche la réaction immédiate de l'homme qui voyageait à côté d'elle, qui se jette sur l'agresseur accompagné d'autres passagers, pour le maîtriser. Il sera aspergé de bombe au poivre, explique un témoin à LCI, puis remis aux autorités. La victime elle, reste "effrayée et sous le choc", ajoute-t-il. Selon les passagers, l'homme, "en état d'ébriété", précise une source proche du dossier, aurait tenté d'agresser une autre femme quelques minutes auparavant. Il est désormais en garde à vue depuis mercredi 29 janvier dans le commissariat du XVIe arrondissement.

Le gouvernement réagit

La vidéo est rapidement devenue virale sur Twitter, déclenchant une indignation générale. Marlene Schiappa, la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, a notamment indiqué en avoir "pris connaissance" et "signalée à qui de droit" pour que justice soit faite. Elle demande également à ce que les images soient partagées le moins possible, par respect pour la victime, et déplore la passivité des autres passagers, trop souvent constatée dans des cas similaires.

De son côté, la RATP condamne "fermement cet acte scandaleux", expliquant que l'homme a été remis à la police par ses agents de sécurité.

Un énième cas de violence sexiste qui ne fait que témoigner du climat d'insécurité qui entoure les femmes. LCI rappelle que, selon le rapport de la préfecture de police relatifs à la délinquance publié le 21 janvier, les atteintes volontaires à l'intégrité physique ont progressé de 8,16% en 2019, à Paris. En France, 100 % des femmes ont déjà été harcelées dans les transports, selon le Haut Conseil à l'Egalité. Et 80 % des violences physiques sont exercées par des hommes.

Filmer pour être entendue ?

En 2018, l'affaire Marie Laguerre avait soulevé la question. La jeune fille avait été frappée avec un cendrier par son agresseur pour avoir osé répondre à son harcèlement. La scène, capturée par une caméra de surveillance, a été ensuite publiée sur les réseaux sociaux par la victime. Le but : que l'homme ne reste pas impuni. Plus tard, plusieurs femmes ont également posté les images de leur agression. Un homme qui se masturbe devant une jeune femme dans le métro, un autre qui met une main aux fesses d'une passagère. Ces vidéos, selon une policière de la préfecture de police que nous avions interrogée alors "[aident] beaucoup les services de police", assure-t-elle. "C'est un support pour nous".

Cependant, qu'en est-il de celles qui n'ont pas le réflexe, pas le temps ou qui sont sidérées devant les faits, dans l'incapacité d'agir sur le moment ? Si la médiatisation demeure un plus, elle ne devrait cependant pas rester la seule façon qu'une agression soit entendue.