Leïla Bekhti répond aux "porteurs de haine" suite aux polémiques sur le voile

Publié le Vendredi 25 Octobre 2019
Mylène Wascowiski
Par Mylène Wascowiski Rédactrice
Leïla Bekhti au photocall du film "La Fameuse Invasion des ours en Sicile" lors du 72ème Festival International du Film de Cannes, France, le 21 mai 2019.
Leïla Bekhti au photocall du film "La Fameuse Invasion des ours en Sicile" lors du 72ème Festival International du Film de Cannes, France, le 21 mai 2019.
C'est un message simple mais efficace qu'a posté Leïla Bekhti sur son compte Instagram mercredi 23 octobre. Elle prône le "vivre ensemble" suite aux récentes polémiques sur la question du voile.
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"Je n'ai pas pour habitude de m'exprimer sur les sujets de société, ni de commenter les polémiques (...) Seulement, il m'est difficile de me taire au milieu de cette atmosphère pesante." Dans une lettre publiée sur son compte Instagram, l'actrice Leïla Bekhti s'est exprimée au sujet des polémiques qui font rage ces derniers temps sur la question du voile.

Des polémiques ravivées ces dernières semaines après qu'un élu du Rassemblement National, Julien Odoul, a pris pour cible une mère de famille musulmane en raison de son voile. Dans son texte, Leïla Bekhti se dit effarée par "la haine et le rejet de l'autre qui se propagent dans la société. Je ne veux plus que des femmes soient rejetées parce qu'elles portent le voile ou non, que des hommes soient regardés avec méfiance à cause de leur nom, de leur foi, de leur couleur de peau."


Elle ajoute "n'en déplaise aux porteurs de haine, la voix du vivre ensemble existe. À nous de la propager." Une façon simple mais efficace de répondre aux propos Julien Odoul mais aussi aux discours islamophobes qui en ont découlé.


"Cette scène, ces mots, ce comportement sont d'une violence et d'une haine inouïes"

Les faits remontent au 11 octobre dernier, lors d'une séance du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Ce jour-là, Julien Odoul, un élu du Rassemblement national, s'en est violemment pris à une mère de famille voilée, présente comme accompagnatrice d'un groupe scolaire composé d'une quinzaine d'enfants.

"Madame la présidente, je vais vous demander, s'il vous plaît, au nom de nos principes laïcs, de bien vouloir demander à l'accompagnatrice qui vient de rentrer dans cette salle de bien vouloir retirer son voile islamique" a-t-il demandé à Marie-Guite Dufay, élue socialiste qui préside la région.

Il ajoute : "Madame a tout le loisir et la liberté de garder son voile en dehors, dans la rue en dehors, et pas ici, c'est la loi de la République." Seulement voilà : rien n'interdit pourtant dans la loi à une femme voilée d'assister à une assemblée régionale ou d'accompagner un groupe scolaire en raison de son voile.

Un comportement contre lequel 90 personnalités - dont la réalisatrice Céline Sciamma, le comédien Omar Sy ou encore le rappeur Nekfeu - se sont engagées dans une tribune publiée sur Le Monde le 15 octobre dernier. D'une même voix, elles dénoncent : "Cette scène, ces mots, ce comportement sont d'une violence et d'une haine inouïes. Mais par notre lâcheté, par nos renoncements, nous avons contribué, petit à petit, à les laisser passer, à les accepter." Celles-ci demandent enfin à Emmanuel Macron de "condamner publiquement l'agression dont cette femme a été victime devant son propre fils ; de dire, avec force, que les femmes musulmanes, portant le foulard ou non, et les musulmans en général ont toute leur place dans notre société."

Répondant à la polémique, le chef de l'Etat a déclaré ce jeudi 24 octobre : "Le port du voile dans l'espace public n'est pas mon affaire. (...) Ce qui se passe dans l'espace public, c'est pas l'affaire de l'Etat ou du président de la République."