Yelle explore la sexualité féminine (et l'orgasme) dans le clip "J'veux un chien"

Publié le Lundi 14 Septembre 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Jubilatoire et poétique, la touche Yelle en un clip.
Jubilatoire et poétique, la touche Yelle en un clip.
Mélancolique et iconique, pleine de dérision et de spleen, Yelle revient en force dans le paysage musical hexagonal avec son nouvel album, "L'ère du verseau". Et ses clips sont à l'avenant. Comme celui, sensuel et féministe, de "J'veux un chien". La Yelle touch.
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Le groupe Yelle aime signer des clips décomplexés et pop (d'aucuns diraient provocs). Comme celui de Je veux te voir (2007) par exemple, dynamique et girl power à souhait. Avec son nouvel album L'Ere du Verseau, la chanteuse Julie Budet dénote par une plume plus intimiste, mais n'en oublie pas pour autant son côté punchy et désinvolte. C'est ce que démontre le clip de J'veux un chien, l'un des morceaux-titres de ce nouvel opus, aux paroles des plus explicites : "J'serai la chienne de cet homme / Prends-moi bien / Mais pas pour une conne".

Une chanson plus complexe qu'il n'y paraît sur les relations sentimentales (et sexuelles), la liberté et le plaisir féminins, où il est question de "compagnon de route" et "d'animal [et "ami mâle"] qui fait du mal". Et cela ne pouvait engendrer qu'une vidéo qui a du chien, forcément. Pour illustrer ces mots, Yelle a choisi de se représenter, vêtue d'une combinaison noire et allongée sur un yatch, contournant une immense corps d'homme torse-nu.

Dans cette posture, l'artiste exprime son désir au fur et à mesure que l'océan s'agite autour d'elle, tandis que la caméra, à force gros plans, scrute ses yeux, son visage, sa bouche. La métaphore des vagues est limpide : c'est le plaisir qui, peu à peu, gagne l'interprète, tandis que la musique s'emballe. Jusqu'au point de non-retour...

Provoc' et libérateur

Une audacieuse mise en scène de l'orgasme féminin qui n'a laissé personne indifférent·e.

Dans l'espace commentaires YouTube, on peut ainsi lire : "Le problème, c'est qu'au boulot, je chante cette chanson 'J'veux un chien" et tout le monde me répond : 'mais avec ton chat ça va être chaud ".... Comment leur expliquer...", "Yelle qui passe de 'Interdit aux moins de treize ans' à 'Interdit aux moins de 18' en treize secondes", "On peut avoir la version non censurée sur OnlyFans ? Le clip est beau et excitant". De l'humour et de la bienveillance.

Bien sûr, ce n'est pas la première fois que Yelle évoque la sexualité féminine, mais aussi l'envie d'indépendance qui lui est relative. Ce thème fétiche, elle l'aborde comme aucune autre artiste, entre irrévérence et délicatesse. Si l'on se souvient de ses punchlines égrenées au gré des tubes ("À cause des garçons / On fond comme des glaçons / On glisse comme des savons"), d'autres chansons plus méconnues comme la bien-nommée Nuit de baise en font aussi état : "J'ai massé tout ton corps à la force de ma bouche / Le dessin de mes lèvres partira sous la douche / Quand le soleil se lève il est temps qu'on se couche / Après cette nuit de baise je ne veux plus qu'on me touche".

De la suite dans les idées pour une interprète encore trop mésestimée, qui ne se lasse pas de recouvrir sons et images de sensualité. Tout en cherchant, dit-elle à PureCharts, "quelque chose de plus sombre et mélancolique, à assumer certaines facettes plus souterraines qu'on ne voulait pas trop montrer avant". Vivement la suite !