Zaho de Sagazan, Addison Rae, Billie Eilish, Chappell Roan…
Voici les noms des chanteuses qui aujourd’hui règnent sur l’industrie musicale. Mais elles ne se contentent pas d’aligner les hits et de fédérer des fanbases de plus en plus considérables. Non, elles tiennent aussi à sensibiliser à ce qui nous concerne tous : les enjeux de santé mentale les plus intimes.
Les pop stars Gen Z imposent effectivement d'une façon très assumée leurs styles et leurs limites.
Dans leurs interviews, elles précisent concrètement ce qui les malmène psychologiquement, à l’adresse de leur audience qui n'a pas forcément conscience de leur vulnérabilité émotionnelle. Rapport doux-amer avec leur public, surmenage, burn out, fatigue professionnelle lors des tournées de plus en plus considérables, rareté des moments pour soi…
Leur santé mentale fait autant partie de leur quotidien que leurs concerts spectaculaires.
Et elles en parlent frontalement : la preuve en témoignages puissants, à l’occasion de cette Semaine de la santé mentale.
En France, les chanteuses les plus écoutées, de celles qui récoltent deux années de suite des brouettes de Victoires de la Musique, osent libérer la parole.
Zaho de Sagazan correspond littéralement à cette description.
L’interprète du hit La symphonie des éclairs, lauréate de Victoires en 2024 et 2025, révélation parmi les plus fracassantes de ces dix dernières années sur la scène musicale française, est aussi l'une des trop rares artistes qui parle le plus de santé mentale dans l’Hexagone.
Hypersensibilité et burn out, anxiété et dépression… Tous les sujets passent dans sa voix, de ses concerts où elle interpelle le public au gré d’introspections douces-amères à ses textes. Scandant de la salle de l'Olympia aux Victoires : "On est jamais trop sensible !". Elle raconte la tristesse, jusqu’à lui consacrer une chanson éponyme, et en interviews évoque sans hésiter les émotions éprouvantes qu’elle ressent… En vivant son succès phénoménal !
" Le stress est immense durant les tournées. Il y a un côté un peu violent, surtout après avoir fait 400 dates d’affilée au cours des trois dernières années. J'ai donc réappris à faire des pauses entre les concerts. Là où depuis presque deux ans, je n'en faisais aucune. J'étais du genre à faire un jour off par mois, ce qui n'est vraiment pas bien, alors que depuis peu , on s'oblige des vrais off et ça va mieux”, indique la chanteuse à Télé Loisirs, tels que relatent nos confrères de Purecharts.
Elle l’admet aussi : elle a “frôlé le burn out” suite à sa participation très remarquée aux concerts venus ponctuer les cérémonies des Jeux Olympiques de Paris 2024.
Des moments pour "aller mieux" émanant de celle qui chante des ritournelles telles que "Tristesse, vous ne m'aurez pas ce soir", et "Pleurer dans ta voix".
Chappell Roan est également une icône des nouvelles générations.
Queer, vêtue d’oripeaux empruntant à la culture drag, c’est une chanteuse lesbienne et féministe aux hits fracassants (H.O.T To Go, Please Please Please). Mais c’est aussi une jeune femme qui refuse de subir la toxicité d’autrui. Relation trop parasociale entre fans et artiste, intrusions anxiogènes… Très peu pour elle.
D’où sa prise de parole : dans une tribune à retrouver sur cette page la chanteuse vingtenaire explique que certains de spectateurs ont trop souvent "des comportements de prédateur" et ignorent le consentement concernant le fait de la toucher ou de l'embrasser : "J'observe des comportements de prédateur déguisés en agissements de "superfans"...”
La chanteuse souhaite que son public ait conscience de la distance nécessaire souhaitée entre elle et eux, pour le bien de sa santé. Elle raconte en détails sa volonté de se préserver le plus possible de l'intrusion des fans dans son intimité, et son malaise face aux interactions trop toxiques…
"J'ai eu tellement d'interactions physiques et sociales non consensuelles que j'ai besoin de vous le rappeler, les femmes ne vous doivent rien... Je me fiche que vous m'estimiez égoïste parce que je refuse une photo ou un câlin. Tout cela n'est pas normal, tout cela est bizarre. Je ne les accepte pas. ", fustige-t-elle avec éloquence à destination de ceux qui ne comprennent pas l'expression "Safe zone".
"Je ne suis pas d'accord avec l'idée selon laquelle je dois un échange mutuel d'énergie, de temps ou d'attention à des personnes que je ne connais pas, en qui je n'ai pas confiance ou qui me font peur - simplement parce qu'elles expriment leur admiration. Les femmes n'ont pas de raison à vous donner de pourquoi elles ne veulent pas qu'on les touche ou qu'on leur parle"
Renée Rapp à l’unisson de sa consoeur Chappell Roan ne cache rien de son stress et de son anxiété, deux émotions qui l’accablent.
Elle en témoigne ouvertement dans un entretien à retrouver sur cette page : “Je souffre d'anxiété et de crises de panique et j'ai même suivi une thérapie !... Il existe certainement un moyen de parler de santé mentale au plus grand nombre, pour que les gens se sentent à l'aise et en sécurité. Je sais que je dois être responsable par rapport à ce que j'exprime dans ma musique, mais je dois aussi être moi-même".
C’est le cri du coeur d’une nouvelle génération : il n'est plus simplement question d’exorciser ses sources d’anxiété dans son art, mais simplement, de prendre soin de soi, dans la vie de tous les jours. Loin du strass rêvé par les fans.
L’idée pour ces chanteuses toutes nées à la fin des années 90 ou au début des années 2000 et de ne pas reproduire l’enfer psychologique vécu par des “modèles” de la décennie précédente. Telle que Britney Spears, dont la souffrance émotionnelle est devenue emblématique dans l’histoire de la pop culture.
"J'essaie vraiment de trouver un équilibre entre confidentialité, respect de ma propre intimité, et ouverture d'esprit", achève Renée Rapp en ce sens.
Des chanteuses telles que Zaho de Sagazan, Renée Rapp, Chappell Roan ou Billie Eilish, qui a souvent abordé son burn out, mais également ses pensées suicidaires lorsqu'elle était plus jeune, sont toutes issues de la même génération. Et s’efforcent dans leur art comme dans leurs chansons, de véhiculer les mêmes discours alertes sur le bien-être et l’équilibre psychologiques.
On est loin des rockstars venues des décennies durant célébrer l’autodestruction et les attitudes les plus toxiques. C’est une nouvelle façon d’envisager la starification qui se profile : plus saine, à l’écoute des émotions et surtout de la vulnérabilité. Plus humaine en somme, non ?
Pour plus d'informations sur la Semaine de la santé mentale, rendez-vous sur la page de sensibilisation dédiée de Webedia.