Née séropositive, une enfant n'a plus de trace du sida après 18 mois

Publié le Jeudi 24 Octobre 2013
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Née séropositive, une enfant n'a plus de trace du sida après 18 mois
Née séropositive, une enfant n'a plus de trace du sida après 18 mois
Aux États-Unis, le cas d'une enfant de trois ans diagnostiquée séropositive à sa naissance et immédiatement traitée avec antirétroviraux laisse espérer aux chercheurs une guérison des nourrissons en cas de thérapie précoce. Après 18 mois sans traitement, son organisme ne montre toujours pas de trace du sida.
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Pourra-t-on un jour guérir les tous jeunes enfants diagnostiqués séropositifs ? C'est l'espoir que nourrissent aujourd'hui les scientifiques après avoir confirmé qu'une fillette américaine de trois ans née séropositive ne montre toujours aucune trace du sida après 18 mois sans traitement. Né au Mississipi d'une mère séropositive, qui l'avait infectée pendant sa grossesse, le nourrisson avait reçu, moins de 30 heures après sa naissance, des antirétroviraux. Le traitement qui lui a été administré de manière précoce a selon les chercheurs bloqué la formation de réservoirs viraux difficiles à traiter. Ce sont habituellement ces cellules contaminées à l'état de sommeil qui relancent l'infection quelques semaines après l'arrêt du traitement antirétroviral. Or, 29 jours après sa naissance, le virus était indétectable dans l'organisme, après que la charge virale dans son sang a diminué progressivement. La petite fille a ensuite reçu des antirétroviraux jusqu'à ses 18 mois, âge à partir duquel les médecins ont perdu sa trace pendant six mois. Elle n'a, pendant cette période, reçu aucun traitement.

« Nos observations suggèrent que cette rémission n'est pas un hasard mais probablement le résultat d'une thérapie antivirale agressive très précoce qui a empêché le VIH de s'établir dans les cellules immunitaires de l'enfant », a déclaré le Dr Deborah Persaud, virologue du centre hospitalier Johns-Hopkins, qui continue de suivre la fillette.

Les tests sanguins pratiqués aujourd'hui n'ont pas permis de détecter la présence du sida dans l'organisme de la petite fille. Seules des traces du virus ont été mises en évidence par des analyses génétiques, sans que leur quantité soit suffisante pour sa réplication.

Une étude clinique et un espoir pour 260 000 enfants contaminés

Ce premier cas de « guérison fonctionnelle » d'une enfant laisse espérer une possible guérison des enfants séropositifs. Chaque année, plus de 260 000 enfants naissent séropositifs, principalement dans les pays en développement. Ils sont contaminés par leur mère malgré les avancées qui empêchent une transmission du virus dans 98% des cas, par l'administration d'antirétroviraux pendant la grossesse.

Le cas de la fillette du Mississipi donnera lieu, en début d'année 2014, à une étude clinique financée par des fonds fédéraux. Elle permettra de tester chez des nourrissons séropositifs une thérapie antirétrovirale précoce. Cependant, les virologues appellent à la prudence. Dans son éditorial publié dans le New England Journal of Medicine, le Dr Scott Hammer, de l'Université de Columbia, à New York, écrit : « À la question de savoir si l'enfant est guérie, la réponse à ce stade est : "peut-être" », précisant qu'elle devra encore être suivie à long terme sans traitement pour vérifier si ses réservoirs viraux ne se développent pas.

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