"Grosse pute" : le classement sans suite de la plainte visant un policier fait bondir

Publié le Lundi 21 Mars 2022
Louise  Col
Par Louise Col Journaliste
"Grosse pute" : la plainte pour injures visant un policier est classée sans suite
"Grosse pute" : la plainte pour injures visant un policier est classée sans suite
Le 15 février dernier, le site d'investigation "Médiapart" révélait qu'une plaignante victime d'agression sexuelle avait été traitée de "grosse pute" au téléphone, à de multiples reprises, par un policier en charge de l'enquête. La plainte pour injures a finalement été classée sans suite. Un dénouement qui a fait réagir.
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"Grosse pute". C'est ce que l'on pouvait entendre dans l'enregistrement audio d'un policier du commissariat des Ve et VIe arrondissements de Paris. Message envoyé par erreur à une victime d'agression sexuelle venue porter plainte, et finalement diffusé le 15 février dernier sur le site Mediapart.

Le contenu du message, émis par un policier en charge de l'affaire, était le suivant : "Ah, évidemment, elle refuse la confrontation. C'est vraiment une pute. Comme par hasard. Putain, elle refuse la confront' en plus, la pute. En fait c'était juste pour lui casser les couilles, je suis sûr. C'est aberrant. Ouais, je sais pas, moi [mot incompréhensible], il lui arrive un truc comme ça, déjà elle fout une mandale au mec, et après elle va vouloir une confrontation histoire de lui péter la gueule encore plus sur l'audition... Putain, grosse pute".

Une plainte pour "injure" avait été déposée par la victime de 34 ans le mois dernier. Mais elle a finalement été classée sans suite le 4 mars, autrement dit moins d'un mois après les faits.

"Les preuves ne sont pas suffisantes"

"Non seulement le parquet a décidé de lui-même de requalifier notre plainte d''injure' en 'injure non publique' – cela minore les faits –, mais en plus il n'a procédé à aucun acte d'enquête", dénonce aujourd'hui l'avocat de la jeune femme, Arié Alimi, du côté du site Mediapart. Une deuxième plainte, avec constitution de partie civile cette fois-ci, devrait être déposée très bientôt.

Sur l'avis de classement sans suite, signé par le procureur de la République de Paris, on peut lire que les poursuites pénales ne seront pas engagées "au motif que les faits ou les circonstances des faits de la procédure n'ont pu être clairement établis par l'enquête". En somme, établit l'avis de classement, "les preuves ne sont pas suffisantes pour que l'infraction soit constituée".

Un classement qui n'a pas manqué indigner les associations féministes. "Allô le gouvernement, Emmanuel Macron, Jean Castex, Gérald Darmanin, ça va le boys club, on ne vous dérange pas ?! Si un enregistrement ne suffit pas à qualifier les faits, comment fait-on ? Quand on vous dit que vos institutions dysfonctionnent et que vous ne faites toujours rien, c'est de votre responsabilité", a dénoncé le collectif féministe Nous Toutes sur les réseaux sociaux.

"Formez la police, formez les juges, formez tous•tes celles et ceux qui interviennent auprès des personnes victimes de violences !", poursuit la publication Instagram de l'association. En février, Gérald Darmanin avait pourtant affirmé sur les ondes d'Europe 1 : "Ce policier a non seulement sali toutes les femmes qui essaient de déposer plainte mais il a craché sur l'uniforme de la République de ses 250 000 autres collègues policiers et gendarmes qui font un travail formidable. Je pense que ce monsieur n'a plus sa place dans la police nationale".